Il y a quelques jours, un ouragan nommé Sally frappait l’Amérique. N’y voyez pas un signe, ou une comparaison facile. Juste un hasard. Sally, chanteuse ouragan a aussi quelques tourbillons en elle. Elle a ses sonorités, ses émotions, ses amplitudes des latitudes. Elle est universelle quand elle se regarde dans les yeux, avec sa musique personnelle. Colorieuse de tristesse, et rieuse des tempètes, elle livre le premier extrait de son premier album. Le morceau s’appelle Tout Roule et évoque la maladie qui l’accompagne, la bipolarité. Discussion sensible et en sourire.

À quel moment on trouve sa voix quand on est une artiste ? 

On trouve sa voix quand elle arrive. Elle s’impose. On peut la trouver très jeune. Je sais que la mienne, je l’ai trouvée il y a pas si longtemps que ça. Je chante dans ma chambre et je fais des karaokés dans ma salle de bains depuis que je suis toute petite. Ma mère faisait de la chorale, j’allais avec elle aux anniversaires, pour manger les bonbons. 

Et mon papa chante trop bien. Mieux que ma mère. Mais il est timide. Quand j’avais 4-5 ans, on m’appelait la radio à l’école parce que je trouvais tous les titres. J’adorais chanter, mais jamais en public. J’ai chanté en public pour de vrai, c’est à dire devant mes parents, pour la première fois en 2018 à La Gaîté Lyrique. 

C’est pas mal pour commencer. 

Ah c’est pas mal. C’était un titre. Mais c’était un titre plein d’angoisse. Je ne bougeais pas. Je faisais n’importe quoi avec mes mains. J’étais plantée devant le pied de micro. Mais c’est là que j’ai su que je voulais en faire mon métier. 

Photo : Jade Lombard

Malgré les angoisses ? 

Oui. Et puis au final, je me suis vite prise au jeu de la scène. J’aimerai beaucoup jouer plus souvent. Avoir 6-7 dates par mois. C’est beaucoup déjà. Et on a bien tourné, avant les arrêts. On a fait plein de dates*. J’adore ça. Surtout quand c’est des gens qui ne viennent pas pour moi. J’aime qu’ils découvrent mon projet sur scène. Mais bon, c’est aussi touchant quand les gens chantent. La dernière date avant aujourd’hui, c’était en mars, à Angers, pas loin de chez moi. Là c’était dingue. Déjà parce que je ne passais pas en première mais en deuxième. Et tout le monde chantait mes chansons. Alors j’ai donné le micro pendant une chanson, ça m’a fait plaisir. C’est beau. 

Sally a assuré une partie des premières parties d’Angèle pendant l’hiver. Elle était également à GéNéRiQ, ou sur scène au Chabada, à Angers, avec Joanna. 

Je ne veux pas avoir de regrets.

Donc, le moment où tu trouves ta voix, c’est celui où tu n’as plus peur ?

Oui ! C’est ça en fait. C’est quand je me suis dit que je pouvais essayer. Juste pour ne pas avoir de regrets plus tard. Je ne voulais pas en faire mon métier. Juste, si je m’étais dit dans 5-10 ans “Je suis dans un métier que je n’aime pas alors que si ça se trouve j’aurai trop kiffé faire de la musique.” J’aurai eu trop de regrets. Vraiment, je ne veux pas avoir de regrets. 

Donc tu as tenté. 

Voilà. Ça marche ça ne marche pas, maintenant.

Pour le moment ça va, il se passe de belles choses. 

Les rencontres, les expériences, les concerts. Moi j’écris des chansons quand je suis dans ma chambre dans le noir. Quand je suis scène et que je vois des dizaines de gens chanter, je suis bouleversé. 

Moi j’écris des chansons quand je suis dans ma chambre dans le noir. Quand je suis scène et que je vois des dizaines de gens chanter, je suis bouleversée. 

Il y a un petit côté Quand je veux, je peux, dans ce qu’on vient de dire. Ce morceau il ne ressemble pas aux autres, c’est un exercice un peu à part entre l’ep et l’album, non ? 

Là c’est personnel. Je fonce dans le tas. On était en studio, et moi je n’écris jamais en studio normalement. Même si c’est des allemands qui ne comprennent rien. Je ne peux pas. J’écris n’importe quoi. Mais ce morceau, c’est une prod de FirstMan et Skuna. Et Skuna c’est un bon pote, on était en studio. Et là je fredonnais Quand je veux je peux. Enfin, When I want, I can. Parce que je topline que en anglais, je ne sais pas tropliner en français. J’avais cette trame qui disait de nous laisser tranquille quand on sort, de nous laisser tranquille pour tout. L’idée, c’était qu’on a besoin de personne. Je me suis dit que c’était bien d’en faire un titre. Mais on ne devait pas le sortir à ce moment là. Sauf que Tout roule, (son nouveau morceau, ndlr), on le clippait le 30 juin, donc ça devait sortir en septembre. Mais moi, je n’avais rien sorti depuis novembre 2019. 

Et puis c’était important d’envoyer quelque chose avec la période compliquée, qui est un peu une injonction à créer dans le domaine artistique. 

Exactement, je voulais vraiment sortir un truc. On a préparé un clip en deux semaines. 

Et en plus c’est un son pour l’été. 

Oui ! Voilà. Et pour le coup, à part Et si demain, il n’y aura pas de sonorités comme ça, joyeuses. C’est un album de dépression. 

Rires

Un album pour l’hiver quoi ? Si j’essaye de te faire avouer des choses. 

On voulait, de base. Mais avec la Covid, tu sais bien… Il sortira début 2021.

Sally, on est aux Inouïs du Printemps de Bourges, j’ai l’impression qu’il y a un message sur cette jeune scène, et j’entendais ça aussi dans ce que tu disais au début, qui dit “J’ai arrêté l’école, mais c’est l’aventure, je le vis à fond.” Des gens qui tentent pour être bien plus que par désinvolture ou pour l’argent. 

Oui. Même si on ne va pas mentir, l’argent c’est important. Sinon on ne pourrait pas vivre. Ou alors il faut faire quelque chose à côté. Moi j’ai la chance d’en vivre. Mais effectivement, à la base, je ne suis pas allée dans ce domaine pour faire fortune. 

La nouvelle génération, dont je fais partie, on est plus libres qu’avant. Tout va plus vite. On a moins de contraintes.

Il y a un truc d’épanouissement, de bien-être et de santé mentale. En mode “Les études, à ce moment de ma vie, c’était impossible pour moi.” 

Oui c’est complètement ça. La nouvelle génération, dont je fais partie, on est plus libres qu’avant. On a moins de contraintes. Il y a l’air des réseaux. On peut tout poster quand on veut. On peut percer sur une vidéo bricolée vite fait. On n’a pas besoin de se déplacer à Paris, de toquer aux portes des labels pour donner nos cds. Maintenant ça va tellement vite. On est plus libres. 

Photo : Jade Lombard

Grave. Et puis, justement, là aux Inouïs, on peut voir la richesse de cette jeune scène qui vient clairement de partout en France, puisque c’est le but du projet. 

J’ai pris des claques à tous les concerts que j’ai eu la chance de voir. 

Et il y a une vraie palette d’émotions et de sensibilités. 

C’est ça, je suis trop contente d’en faire partie. 

Je veux faire une musique personnelle et universelle à la fois.

Et de se sentir justement faire génération. De porter une parole en chanson comme tu le faisais sur Tout Roule. Je pense à Alicia. qui est juste là. C’est important et ça fait longtemps qu’on l’attend. 

C’est important. Je pense que nous on a été bercé.es et touché.es, plus que la génération d’avant, par une parole forte et universelle, comme celle du rap us. Ce n’est pas une responsabilité de porte parole, parce que c’est lourd comme responsabilité. Mais juste de pouvoir exprimer ce qu’on veut dire ce qu’on ressentait comme nos artistes préférés l’ont fait. Ça fait du bien de sentir écouté.es, et de voir que des gens comprennent ce qu’on dit ou se reconnaissent. Parfois on a l’impression d’être seul.e. Mais quand on sort un titre on reçoit plein de messages bouleversants. “Je me retrouve trop dans ce que tu as dit.” Et là tu te dis que ça compte. C’est pour ça que je veux faire une musique personnelle et universelle à la fois. 

Et à toi, ça te fait du bien de faire de la musique ? 

Oui. C’est une thérapie. 

On pourrait croire que c’est galvaudé de dire ça, mais c’est très bon de l’entendre. 

Nan pour le coup c’est une vraie thérapie pour moi. Et je sais que quand je vais pas bien j’écris, et quand je vais hyper bien aussi. Des milliers de textes à la minute. Par contre quand je vais juste “bien”, je n’écris rien. Comme là depuis le confinement. Parce que ma vie est plutôt belle. 

Aha, mais tant mieux si ça veut dire que ça va et que l’album est bouclé, non ?  

C’est un peu chiant parce que j’ai envie de créer quand-même. Tout ce que j’écris, c’est des choses qui se sont passées il y a 6 mois. Il y a 6 mois, je les racontais mieux. 

Tu vas devenir une chanteuse des bads-moods ? 

Oui ! En plus je pense que c’est ce qui me ressemble le plus ! 

Photo : Irving Pomepui

Il faudra que tu sois triste avant chaque album alors. 

Ah mais l’album, c’est la dépression, c’est à se tirer une balle même.

Rires.

Mais c’est important. J’ai adoré faire PYAAR, mon premier ep. Mais à l’époque où il est sorti, on bossait déjà sur des sons plus personnels, qui ne parlaient plus d’amour. 

L’album parle moins d’amour, il est plus personnel.

Et toi tu avais déjà vécu d’autres choses aussi j’imagine; tu étais plus loin dans le processus. 

C’est ça. Par exemple Vrille. Je déteste ce morceau. Je l’ai écrit il y a 3 ans presque et il est sorti l’année dernière. Donc je me détache de ce que j’ai fait sur ce morceau. Et l’ep et l’album n’ont pas grand chose voir. On pourra reconnaître ma voix et quelques sonorités. Mais ça va beaucoup moins parler d’amour. C’est beaucoup plus personnel. Et je n’ai plus tout à fait la même voix qu’avant. Maintenant j’ai une voix un peu plus aiguë. 

Oui, c’est pour ça que je te posais cette question sur la voix au début.  

Ça change totalement oui. Et puis maintenant je prends des cours de chant. Ça aide aussi. Même si ça fait longtemps que je n’y suis pas allée. J’ai mes exercices à faire à la maison. Techniquement je suis encore des cours de chant. 

Comme les élèves à la fac en fait. 

Voilà c’est la même chose. 

Photo : Jade Lombard

Tu fais confiance à tes inspirations ou alors tu retouches beaucoup ? Fulgurance ou insatisfaction. 

Ah non. Pour le coup, je ne suis pas difficile. Si je fais un truc et qu’il est mauvais, et je ressens que c’est nul, alors que je suis allée jusqu’au bout, soit je supprime tout et je refais, soit je supprime tout et adieu la prod, adieu le texte. Et j’envoie à personne. Parce que si je ne suis pas satisfaite de mon travail, je ne vois pas pourquoi je devrais l’envoyer. Parce que si ça se trouve des gens vont kiffer, et moi je vais devoir défendre ce titre que je n’aime pas du tout. Je trouve que c’est une honte. 

D’être convaincue par les autres, sur ton travail ? 

Oui voilà c’est ça. Moi par exemple Roulette Russe, à la base c’est un son que je n’aimais pas du tout. J’avais fait une maquette dans un Airbnb à une époque où je n’habitais pas encore sur Paris. 

On va croire que tu n’aimes pas ce que tu fais entre Vrille et Roulette Russe.

Nan pas du tout, là c’était la maquette que je n’aimais pas. Parce que c’était dans un Airbnb, avec mes écouteurs, à 3h du matin, je chuchotais. Et c’est mon manager qui m’a poussée justement. Pour La Relève. (La compil de Deezer, ndlr.) Et au final c’est devenu un de mes morceaux préférés alors que j’y allais en soupirant. C’est pour ça que des fois aussi, j’ai besoin d’avoir d’autres avis. Parce que je suis très dure avec moi-même. Et je fais confiance à mon instinct. Parce que je pense que s’il a voulu que j’écrive comme ça, c’est qu’il fallait le faire. Moi je suis plutôt fière. Donc il faut s’écouter. Et quand c’est nul, on recommence. Et si c’est pas nul, on le garde et on envoie. Et on voit si l’entourage est derrière. Je suis très bien entourée, c’est rassurant aussi. 

Je suis très dure avec moi-même. Et je fais confiance à mon instinct. Parce que je pense que s’il a voulu que j’écrive comme ça, c’est qu’il fallait le faire.

On l’aura compris, l’album, c’est un album de bads-moods, mais il y avait des chansons qui n’étaient pas sur cette ligne et qui du coup ne sont pas sur cet album ? 

Hm. Il y en avait, mais les autres étaient juste mieux. Rien n’interdit qu’on rebosse dessus. il y avait des bons morceaux pour un ep, mais qui ne rentraient pas dans la configuration d’un album. Je voulais qu’il y ait un lien, avec un ensemble fouilli, mais lié quand-même. Et voilà, il y avait des chansons qui sortaient des liens. 

Ça témoigne aussi du fait que tu écris et que tu bosses en fonction des moods et que c’est pas uniforme. 

Mais oui. Comme tout le monde. On est tous pareils pour ça. 

Photo : Jade Lombard

Qu’est-ce que tu as fait pour la première fois, ou qu’est-ce que tu as tenté sur ce premier album ? 

J’ai parlé de la bipolarité. (Dans sa chanson Tout roule, ndlr)

Je pense que c’est le truc le plus fou que j’ai fait. Ecrire à coeur ouvert sur ce sujet. Ah et parler de mon adoption. Oui c’est ça le truc plus fort finalement. J’ai fait un texte, pas réellement sur l’adoption, mais sur ma mère biologique qui m’a abandonnée. Et j’avoue que c’était horrible de faire ce texte, mais ça m’a fait du bien. Mais c’est le truc le plus intime possible. Il y a un morceau qui s’appelle Prisonnière aussi sur cet album, mais il est différent. Pour le coup ce son sur l’adoption, je ne m’attendais pas à m’ouvrir comme ça dès le premier album. 

On était en séminaire à Bruxelles, ils ont tapé sur le piano et j’ai écris direct. Je ne pensais que j’étais prête pour écrire sur ça. J’avoue que j’ai pleuré. J’ai appelé ma mère. Je lui ai dit “Maman, je suis désolée, je fais un son sur ma génitrice.” On a parlé, elle m’a dit que c’était pas grave, j’ai encore pleuré, je suis retournée au studio, on a enregistré. C’est devenu un très beau son. En plus, c’est le son où je pars le plus dans les aiguës. Genre des vraies aiguës. 

Il y a des signes qui ne trompent pas, encore une histoire de voix, justement. 

Oui c’est ça. Ça m’a fait beaucoup de bien. C’était un deuil. Un deuil de cette personne. Et c’était le moment. Je me suis retrouvée là. J’étais fatiguée de tout. Je revenais de la tournée avec Angèle. Je suis repartie le lendemain. C’était la fatigue et l’émotion. Je me suis dit que c’était peut-être le moment. 

Et si ça se trouve, tu aurais mis des annés à retrouver cet état, à vif, pour dire les choses avec la sincérité de ce moment. Ça aurait pû être un regret.

De ouf. C’est très juste. En plus de ça on est des millions de personnes à avoir été adoptées. 

En plus c’est un sujet rarement abordé. 

Oui, c’est vrai que pour le coup, je n’ai jamais entendu de chansons sur l’adoption. C’est venu comme ça. Et c’est un des morceaux dont je suis la plus fière. 

Photo : Jade Lombard

Qu’est-ce que tu trouves transgressif sur la scène actuelle, et dans la société ? 

Shay. Moi Shay je la trouve incroyable. 

De fou. C’est fort.

Moi j’écoute presque que des meufs. On est des centaines. J’adore. Quand des copines ou des meufs que je connais pas sortent des trucs, je saigne ça, je donne de la force. Le rap et la pop féminine, j’aime trop. 

Et là ça fait quelques années qu’il y a une richesse incroyable. Moi aussi j’ai que des meufs dans mes playlists. 

Tous les jours on arrive. Des nouvelles, des anciennes. 

Prenez la place !! 

Mais oui. Ce qui est dommage c’est qu’on nous met dans une case, les meufs avec les meufs, les mecs avec des mecs. Ça devrait juste être les artistes avec les artistes. 

C’est ça. Aujourd’hui, un type qui dit ‘Shay rappe bien pour une meuf’, c’est comme un mec qui dit que l’équipe de France de foot féminine se fait battre par des garçons de moins de 18 ans : C’est un type qui n’aime pas la musique, ou le foot. 

Je te jure, c’est ça. C’est ce qui me saoule. On nous met encore tout le temps ensemble. Après c’est bien, on se connaît toutes, on se soutient toutes. Mais c’est réducteur. 

Oui, dans leur tête il faut faire des doubles affiches entre copines. 

Mais oui. Moi j’adore ces filles. J’ai beaucoup d’amies sur la scène actuelle. Il faudrait juste qu’on arrête ce décalage entre les filles et les mecs. Tout le monde dans le même panier. 

Et on y gagnerait en complémentarité. Avec encore plus de feats aussi. Comme le Damso et Lous qui est sorti cette nuit. 

C’est beau. Il faut que les gens se réveillent. 

Dernière question, rituelle, qu’est-ce que ça t’évoque la Première Pluie, Sally ? 

C’est peut-être super bizarre ce que je vais dire. Mais pour moi la Première Pluie, c’est quand on sort du vagin. Une première pluie, c’est peut-être quand tu viens au monde. Ou la première fois que tu pleures. Mais c’est juste après la sortie du vagin. Donc tout se rapporte au vagin. Première pluie, je vois la renaissance, le nouveau né, la nouvelle vie. C’est poétique hein ? 

C’est très beau. J’aime ce genre de réponse. C’est toujours différent d’un artistes à l’autre. 

C’est important. Je pense qu’on est tous un peu pareil et à la fois très différents. 

C’est ça. Et c’est sur cette question que je m’en rends le plus compte. Impossible d’anticiper la réponse ! 

Et moi j’ai parlé de vagin…

Rires

C’était parfait. Bon, on se revoit pour l’album ? 

Avec plaisir. Je travaille une autre réponse.

___________

Suivez Sally sur Instagram / Sur YouTube / Sur Facebook / Sur Twitter

Conversation : Arthur Guillaumot.

Remerciements aux Inouïs du Printemps de Bourges et à Scopitone. Merci également à Pauline Pitrou.

Je mets ce morceau une troisième fois parce qu’il est exceptionnel.

Vous pouvez aussi écouter PYAAR, le premier ep de Sally, paru en 2018.