Tout est allé vite et fort pour Zaho de Sagazan, de ses centaines de concerts à son premier album, La symphonie des éclairs. La nazairienne enfile désormais les zéniths, et les victoires de la musique, dont elle a chopé 4 trophées en février dernier. Le tout à même pas 25 ans et avec un naturel déconcertant. On a discuté en plan séquence pendant Nancy Jazz Pulsations à l’automne dernier.

Ton premier album s’appelle La Symphonie des éclairs, à partir de quel moment la musique a commencé à faire du bruit en toi ? 

Je dirais à treize, quatorze ans. Quand j’ai découvert le piano, je me suis dit “Ok, je suis au bon endroit”, parce que j’avais envie de faire beaucoup de bruit. Et en même temps, ça me faisait du bien d’en faire. Je faisais déjà beaucoup de bruit avant de découvrir cet instrument, mais pas de la bonne manière. 

Je faisais déjà beaucoup de bruit avant

Donc au tout début, la musique pour toi c’est une façon de se défouler ? 

Oui, de sortir des choses de soi. Parce qu’elles avaient besoin de sortir de toute façon. Et elles sortaient peut-être… trop en pleurs, trop en colère, ce qui n’est jamais bon. Et tout d’un coup, je me suis rendu compte que je pouvais mettre ces émotions autre part, et que je pouvais en faire de jolies choses. 

Les jolies choses, ça donne de jolies chansons, à quel moment tu as compris qu’il était nécessaire d’être aussi intime ? Quand on écrit des chansons comme les tiennes, il faut avoir compris beaucoup de choses sur soi. 

Ça sert à ça, entre autre. La chanson, ça permet d’apprendre beaucoup de choses sur soi. Et moi, en tout cas, ça m’a permis de réfléchir, de mettre des mots. Et, quand on pose les choses, tout d’un coup on se rend un peu plus compte du problème et c’est plus facile de le régler.  

La chanson, ça permet d’apprendre beaucoup de choses sur soi.

Il y a quelque temps, tu étais encore sur la scène de Nancy Jazz Kraft, devant un public moins nombreux, et là ce soir, 18 mois plus tard, tu joues sur la scène du chapiteau. Comment s’est passé le changement d’échelle ? 

Je pourrais me remettre en question. Évidemment, il y a plus de gens qu’avant. 

Ça été dur que ça aille aussi « vite » ? 

Non, parce que finalement, c’est allé vite sauf que j’ai fait… deux-cent cinquante dates ! Donc en fait, j’ai eu le temps de voir défiler les étapes. On est passés par tous les domaines. Il y a des gens qui passent du studio au zénith. Je pense que c’est l’enfer. J’ai joué devant quinze, deux-cent personnes, mille, ou quinze-mille personnes. J’ai vraiment eu le temps de voir l’évolution. Et ça c’est grâce à mon tourneur qui m’a fait beaucoup tourner, alors que je n’étais personne. Il n’y a rien de mieux que l’expérience. 

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Interview réalisée dans le cadre du format À la volée, pour le festival Nancy Jazz Pulsations 2023 / Photo de Une : Emma Picq