Depuis le 3 octobre dernier, la jeunesse est dans la rue au Nigéria, contre les débordements de la police, et rien ne semble pouvoir éteindre sa colère. Le Nigeria n’avait pas connu une telle mobilisation depuis dix ans. Un mouvement engagé à la suite du passage à tabac d’un jeune homme, laissé pour mort par la police.

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Le dimanche 11 octobre, après une semaine de mobilisation, les autorités annonçaient la dissolution de la controversée Brigade de répression des vols (SARS), mais ça n’a pas suffit à calmer la colère.

Ces derniers jours, le mouvement s’est largement diffusé sur les réseaux sociaux, via les jeunes et les artistes. Les manifestations s’étendent désormais à de plus larges revendications contre le pouvoir. À Lagos, la capitale complètement paralysée, un couvre-feu a été mis en place aujourd’hui, mardi 20 octobre suite aux débordements. 

Depuis le début des manifestations, 15 personnes sont mortes, dont deux policiers. Partout dans le pays, à Abuja, la capitale fédérale, à Bénin City, ou Osogbo les manifestants sont la cible de groupes d’hommes armés, qui pourraient être payés par des responsables politiques locaux. 

Photo : Temilade Adelaja / Reuters

Dans les cortèges, qui rassemblent désormais des milliers de jeunes et de moins jeunes manifestants, on réclame désormais le départ du président Muhammadu Buhari, une meilleure représentation de la jeunesse, la hausse des salaires, la fin des arrestations arbitraires et des avancées sociales.

Le Nigeria compte 200 millions d’habitants. Dans le pays, où le chômage des jeunes est massif, on compte aussi le plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde. 

Sur les pancartes, dans les manifestations, il y a quelques jours, on pouvait lire : “La police nous vole. Arrêtez de tuer nos rêveurs.”

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Arthur Guillaumot / Photos : Temilade Adelaja / Reuters