Dix films étaient en compétition dans la catégorie long-métrage au festival international du film fantastique de Gérardmer, où nous nous sommes rendus du 26 au 30 janvier. Notre coup de cœur s’est porté sur Mona Lisa and the Blood Moon pour cette 29ème édition.

Le nouveau film d’Ana Lily Amirpour nous a comblé par l’expérience de voyage extérieur et intérieur qu’il propose. Commençant par une scène introduisant l’univers du film, stressante comme on les aime ici à Gérardmer, le film suit ensuite une piste surprenante, hors des sentiers habituels du genre.

Le personnage principal, Mona Lisa, interprété par l’incroyable Jun Jong-seo, voyage, après son évasion d’un asile, vers sa propre destination, sans en avoir premièrement conscience. Et sur son chemin, elle va interagir avec toutes sortes de personnages et (ré)apprendre à vivre dans cette société au fil de ses rencontres. L’utilisation de ses nouveaux pouvoirs est à chaque fois très bien amenée, la réalisation d’Amirpour n’en faisant pas trop tout en apportant sa propre touche.

Un périple initiatique

Le périple presque initiatique de Mona Lisa est si prenant à suivre dans les rues et les nuits de la Nouvelle Orléans qu’on ne veut pas en décrocher. On se laisse alors facilement prendre au jeu de la découverte et on oscille entre envie de la protéger et de la voir se confronter aux autres. Le film tient sa force de cette ambivalence, autant dans nos intentions que dans la volonté et les émotions de Mona Lisa, deux aspects qu’on ne peut au final pas vraiment saisir. 

On cherche à comprendre ce qu’elle cherche à travers les relations qu’elle a avec autrui mais elle garde son mystère avec elle, ne nous laissant pas en savoir plus que les autres personnages. On est d’ailleurs surpris par ces derniers, d’abord très secondaires, pour qui on pense que l’importance sera brève et qui vont au final participer à part entière à la beauté du film. L’attache qu’on a pour eux se fait et se défait. Le petit Charlie apporte une telle fraîcheur par sa maturité, l’âme-sœur Fuzz par sa bonté, le flic Harold par sa pugnacité. Ils apportent leur propre récit dans celui de Mona Lisa sans que cela ne devienne trop lourd ou trop décousu.

Festival de Gérardmer

Un mélange photographie/musique à l’honneur

On ne vit le film quasiment que la nuit mais il n’y a pas une impression de trop sombre. Tout d’abord car la Nouvelle Orléans est illuminée la nuit, ça aide, mais surtout car la photographie est superbe, elle subjugue l’atmosphère prenante du récit. La musique prend aussi part à ce mélange, elle nous force à nous plonger dans l’expérience et rend l’ambiance électrique. Le rôle du son en général est vraiment prépondérant dans le film, et ce n’est donc pas surprenant qu’il ait reçu le prix de la meilleure musique lors de ce festival.

La réalisatrice a parfaitement su nous faire vivre l’expérience de Mona Lisa, nous portant à ses côtés tout en nous questionnant sur notre place vis-à-vis d’elle. Et c’est plaisant de sortir de salle avec cette sensation. C’est un film qui peut plaire aux fans du genre fantastique comme aux non-initiés, inscrivant son histoire dans aucune case. On vous invite à noter son nom et à regarder s’il passe près de chez vous cette année.


Arthur et Josh