Beaucoup de premiers albums, pour un top l’année, avec Zaho de Sagazan, Kalika ou Sabrina Bellaouel. Mais aussi, encore plus, de disques très attendus après de longues périodes d’attente, comme ceux de Luidji, d’Agar Agar, Flavien Berger, Grand Blanc ou Myth Syzer. Une année particulière, celle des grands retours et des premiers amours.

1. Christine and the Queens – PARANOÏA, ANGELS, TRUE LOVE 

09/06 – en 3 parties – 20 titres – 1h36m – à écouter ici 

On a de la chance en France d’avoir un projet musical comme celui de Christine and The Queens qui réinvente sa musique en permanence et un être humain comme lui, qui traverse son époque. Ce disque est un grand disque, témoin de son temps, qu’il faudra prendre encore le temps d’écouter.

2. Zed Yun Pavarotti – Encore 

07/04 – 11 titres – 35m30s – à écouter ici

Dans une année où à l’échelle mondiale, la Grande-Bretagne a frappé si fort, il paraît cohérent qu’un disque de Zed Yun Pavarotti soit sorti. Le deuxième en l’occurrence s’appelle Encore, et nous rappelle qu’on a de la chance d’avoir sur notre sol ce créateur intranquille, génie presque arrogant, sensible comme nul autre, qui remet toujours tout en question et envoie valser ces œuvres passées, comme un peintre qui brûle ses toiles.

3. Luidji – Saison 00 

22/06 – 14 titres – 36m54s – à écouter ici

Moi si tu es un player, comme Luidji, que tout le monde attend ton nouveau projet, que tu fais des tournées à guichets fermés sur des projets passés, et que tu reviens avec un album comme celui-là, bah je m’agenouille. Le disque de Luidji est un exercice sensible d’un homme de son temps, qui parle de lui pour mieux parler de nos histoires. La classe.

4. Zaho de Sagazan – La symphonie des éclairs 

31/03 – 14 titres – 47m51s – à écouter ici

Alors, Zaho de Sagazan, je suis le premier impressionné. On a assisté cette année à quelque chose que seule la France peut générer. Un album aussi exigeant et sensible que La Symphonie des éclairs, qui a rayonné sur l’année, comme les éclaircies entre les orages. Révérence parce qu’une grande dame de la chanson française a sorti le premier magnifique album d’un carrière qui s’annonce radieuse.

5. Flavien Berger – dans cent ans 

17/03 – 12 titres – 56m24s – à écouter ici

Une année où Flavien Berger sort un album est forcément une année où cet album est dans le top de la fin d’année. Ce n’est pas moi qui fixe les règles. Surtout qu’en soit, je serai très rassuré à l’idée que ce chevalier des airs se plante un jour. dans cent ans est plus proche du monde réel que ne l’était Contre-Temps, moins en avance, mais toujours très loin. Il a déjà annoncé la sortie d’un album pour l’été prochain, avec un morceau sublime, sapon. Je crois qu’on écoutera la musique de Flavien Berger dans cent ans.

6. Kalika – Adieu les monstres

05/05 – 14 titres – 43m35s – à écouter ici 

Adieu les monstres est un disque super important. Parce que dans l’écriture urgente et libre de Kalika, il est aisé de se retrouver et de s’envelopper. Mais aussi parce que dans l’esthétique musicale qu’il défend, il fracasse les codes et piétine l’ordre, dans un pays où même la musique adore la morale. Pop trash, poésie des incendies et emo mignonne. Il faut évidemment aller voir Kalika sur scène si vous en avez l’occasion.

7. Agar Agar – Player Non Player 

20/01 – 12 titres – 43m36s – à écouter ici

Il y avait forcément beaucoup d’attentes autour du deuxième album de Clara Cappagli et Armand Bultheel, près de cinq ans après la sortie de The Dog and the Future, leur premier album, traversée conceptuelle et mélancolique. Ici, l’atmosphère est futuriste, aventure numérique très poétique, où tout semble flotter. On comprendra vraiment cet album avec le temps.

8. Grand Blanc – Halo 

28/04 – 13 titres – 54m35s – à écouter ici

J’attendais beaucoup du troisième disque du groupe originaire de Metz. Image au mur, leur deuxième album, paru en 2018, deux semaines avant The Dog and the Future d’Agar Agar. Je mets les deux en parallèle, parce qu’il devient rare de nos jours de prendre le temps de faire de la musique, de changer sa démarche, de révolutionner ses prismes. C’est ce qui s’est passé sur ce disque, théâtre d’expression parfait pour les rêves en tout genre. 

9. Myth Syzer – POISON 

10/02 – 15 titres – 42m47s – à écouter ici

Dans mon top album, il y a beaucoup d’artistes qui avaient la pression, au moment de sortir leur nouvel exercice, parce qu’ils étaient très attendus : Luidji, Grand Blanc, Flavien Berger, Agar Agar… C’est aussi le cas de Myth Syzer. Il compose et se raconte, sur un disque qui a une allure d’antidote, à empoisonnement moderne. C’est un disque profond, très bien produit, où la délicatesse est une précaution d’usage, un outil abrasif.

10. Sabrina Bellaouel – Al Hadr 

FR, ALG – 03/03 – 41m24s – à écouter ici

Sabrina Bellaouel a fait avec Al Hadr – comprenez : le temps présent – un album capable de raconter une époque traversée de lumière et de brûlures. Artiste totale, humaine sensible et foudroyante, la productrice franco-algérienne a livré un premier album en forme de soliloque universel, où la spiritualité est partout, sur des airs d’une richesse rare. L’album est un carrefour entre le Rnb, l’hyperpop, la house, la techno, entre les langues, aussi, l’anglais, le français et la chaoui, où l’amour universel est un fil rouge et où la grâce est une discipline.

__

Enfin, aux portes de ce classement, des disques tout aussi aboutis, notamment des premiers albums, comme WINNTERMANIA, de winnterzuko, Dernier Orage d’ELOI, Une nouvelle chance d’ascendant vierge, L’enfant de la pluie de So La Lune ou Faux départs de robdbloc. On attendait beaucoup du volume 1 de l’aventure commune de Isha et Limsa sur Bitume Caviar, ça va vieillir en bouche. Le Canada nous a donné ce qu’il avait de meilleur avec 99 nights de Charlotte Cardin ou French Kiss de Chilly Gonzales. Aya Nakamura avec DNK ou Hamza avec Sincèrement ont fait de la musique qui va rester. 

__

Arthur Guillaumot