Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming


“C’est beau. C’est pur. Je suis amoureux de l’eau, mais là c’est la pureté. C’est le courant. C’est ce bruit qui peut être des fois assourdissant, ces couleurs incroyables. Là, tu as l’impression d’épouser la nature.”

C’est un projet fou que s’est lancé Yann Joseph, 53 ans, et salarié dans une banque. Un “Monsieur tout le monde” comme il le dit lui-même, qui a décidé un jour, de descendre les dix plus belles rivières du monde en kayak.

“J’ai commencé à découvrir les sports d’eau dès tout petit puisque c’est mon papa qui m’a appris à nager. A chaque fois qu’on partait en vacances à la montagne, à chaque fois qu’il y avait possibilité d’aller dans une rivière, j’allais dedans.”

Les sports d’eau comme le kayak ou le rafting l’ont toujours passionné. En 2015, Yann tombe sur un magazine de National Geographic dans lequel étaient publiées des photos des dix plus belles rivières du monde.

“L’article me fait rêver, les rivières sont incroyables. Et j’ai reposé le magazine en disant : Moi je veux faire ça, je veux descendre les dix plus belles rivières du monde.”

Chez lui à Armentières, dans le Nord de la France, il se plonge dans les recherches et l’organisation de ce voyage incroyable qui lui prendrait près de 11 mois. Concernées par le projet, ses trois filles lui disent alors : C’est génial papa ton idée, mais qu’est-ce que tu comptes faire pour l’environnement ?.”

“Je me suis dit “Elles ont raison donc il faut que je fasse quelque chose”. Alors je me suis dit que j’allais essayer de descendre la rivière et à chaque fois que je peux, j’organiserai une opération de nettoyage sur cette rivière ou sur des rivières à côté. Avec les locaux, pour lutter contre le plastique, pour sensibiliser à tout ça en se disant que tout ce que l’on enlève comme plastique des rivières n’arrivera pas dans la mer. Et c’est toujours ça de gagné.”

C’est en juin 2017, après un dur entraînement, que Yann descend la première des dix rivières : la Salmon River aux Etats-Unis. Six mois plus tard, il descend la rivière Chadar, dans l’Himalaya, puis la Magpie River, au Canada. Mais lorsqu’il prend une année sabbatique en 2020, la crise du Covid bouleverse ses plans : il peut seulement descendre deux rivières cette année-là : la Franklin River en Tasmanie et la rivière Futaleufu au Chili.

“J’ai fait la rivière Futaleufu au Chili, et l’opération de nettoyage avec les habitants sur toute la lagune de Futaleufu. C’était incroyable, la rivière est incroyable. C’est une rivière où le niveau est très très compliqué. Même en kayak, c’était très compliqué donc on l’a faite en rafting. Mais l’eau est d’un bleu incroyable.”

En parallèle, il crée l’association Along Clean Rivers, en français “le long des rivières propres”. Un tiers des fonds collectés est reversé à Surfrider, une ONG en charge de la protection des Océans et des littoraux. Les deux autres tiers permettent de financer les actions de nettoyage sur place avec les locaux. Ce sont entre 15 et 20 mètres cubes de déchets qui sont ramassés par opération, à l’aide de canoës et de raftings.

“Quand tu tombes sur des endroits complètement pollués même au bout du monde, tu te dis “Mais c’est pas possible, quoi”. Peut-être que dans dix ou quinze ans, on ne pourra plus descendre ces rivières-là. On aura perdu des merveilles.”

En attendant de descendre les cinq rivières restantes, Yann organise des opérations de nettoyage sur des rivières près de chez lui, et des conférences de sensibilisation sur l’environnement et la lutte contre le plastique dans les lycées et les entreprises.

Merci à Yann Joseph et à l’association Along Clean Rivers pour cet échange. Vous pouvez retrouver plus d’informations sur le site et la chaîne YouTube de l’association.

Conférence de Yann Joseph dans un lycée

Pauline Gauer