< Tous les articles Portraits Trésor Makunda, Sprinter paralympique : « Maintenant, je suis reconnu en tant qu’athlète et plus en tant qu’handicapé « Par Première Pluie 5 novembre 2020 Couverture : monsieur le photographe Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming Trésor Makunda a 37 ans. Il est sprinter handisport malvoyant multi médaillé aux jeux paralympiques. Et son histoire est incroyable. Il naît à Kinshasa, au Congo en 1983. Lorsqu’il n’a encore que 3 ans, on lui diagnostique des problèmes de vue. Son père, médecin, tente de le soigner, mais la situation empire : ses yeux s’infectent. “Ne voyant pas d’évolution, on a décidé de venir en France On oublie souvent qu’en France, on a les meilleurs spécialistes de la vue. On m’a diagnostiqué une cataracte. On m’a opéré. Une cataracte c’est rien, ça s’opère rapidement. Sauf qu’en fait, c’était l’arbre qui cachait la forêt parce que derrière, ma rétine avait été touchée et abîmée par les médicaments que mon père avait mis dans mes yeux. Et donc à partir de là, ma vie s’inscrit dans le noir.” Il poursuit son éducation en France, et à 11 ans, comme les enfants de son âge, Trésor a envie de faire du sport. Très vite, il est attiré par l’athlétisme. “Une fois, j’avais vu les exploits d’un certain Carl Lewis. Je vais voir ma mère et je lui dis : je veux devenir un champion comme lui. Ma mère, elle ne me dit jamais non. Je lui aurais dit “je veux devenir pilote d’avion”, elle m’aurait suivi. C’est aussi cela qui a fait ma force. J’ai été entouré d’une famille et surtout d’une mère, qui laissait mes rêve s’exprimer. Alors elle m’a dit “écoute, je vais t’aider, je vais tout faire pour que tu puisses devenir un champion”.” Trésor Makunda et François Guérin aux Jeux de Pékin en 2008 Trésor et sa mère contactent des clubs d’athlétisme mais personne ne semble emballé par leur demande : “on vous rappellera plus tard”, “la personne qui se charge des inscriptions n’est pas là.”, des excuses qui ne font que ralentir leur recherche. Mais Trésor ne baisse pas les bras. “On a eu la chance de tomber sur une annonce un jour où il y avait un club, une structure qui était montée à Villejuif où ils accueillaient des personnes handicapées pour faire du sport.” Rapidement, le coach handisport le remarque et décide de l’envoyer vers un coach pour sportifs valides, qui face aux capacités exceptionnelles de Trésor et à sa détermination propose de l’entraîner, pour devenir le meilleur. “On a été invités aux Championnats de France, où je gagne le 100, le 200, la longueur et le 400m. La fédération nous dit “Avec lui, il y a moyen de faire quelque chose”. Derrière, on se qualifie pour les Championnats du monde qui avaient lieux en France, en 2003.” Trésor Makunda Malheureusement, il ne participera aux Championnats car il n’a pas encore la nationalité française. Mais un an plus tard, pour les Jeux paralympiques d’Athènes en 2004, il remporte la médaille d’argent aux 100m. S’enchaînent ensuite de nombreuses victoires pour Trésor : Champion d’Europe en 2005, Champion du monde en 2006, Deux médailles de bronze à Jeux de Pékin en 2008, Champion d’Europe sur le 100m et le 200m en 2010. Une médaille de bronze aux Jeux de Londres en 2012, puis Vice-champion du monde et Vice-champion d’Europe en 4x100m sur le relais en 2013 et 2014. La victoire, Trésor la partage avec ses guides, qui courent avec lui. “J’ai eu cinq guides durant mes quinze ans de carrière : François Guérin, Edgar Onezou, Emeric Chattey, Rémi Wallard et Antoine Laneyrie. Mes guides c’est le prolongement de mes yeux, c’est eux qui me permettent de voir ce que moi je peux pas voir. Aujourd’hui mes guides, c’est pas seulement des gens qui m’accompagnent sur la piste, pour moi c’est vraiment des amis. Ils m’apportent énormément parce qu’on a un vrai échange hors de la piste. Hors de la piste on fait grandir l’essence de notre relation qui est la confiance.” En parallèle de sa carrière sportive, Trésor est aussi athlète sncf au poste accessibilité. Un programme mis en place par la société pour assurer l’après-carrière des sportifs de haut-niveau. “Il y a peu d’athlètes qui ont cette chance de pouvoir s’entraîner quasiment à 100%, tout en étant salariés, en ayant un salaire tous les mois, en CDI. C’est une richesse, et c’est aussi une tranquillité.” Trésor Makunda et Antoine Laneyrie aux Jeux de Londres en 2012 Les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021 signeront la fin de carrière de sprinter de Trésor. Mais avec la situation actuelle due à la pandémie, il n’a pas la certitude de pouvoir y participer. Pour autant, Trésor s’estime chanceux de la vie qu’il a menée durant ces quinze années de carrière. “Il m’a apporté pas mal de choses ce sport : déjà, l’aboutissement d’un rêve. Et ensuite, la reconnaissance. Les gens, quand ils me reconnaissent dans la rue, ils me reconnaissent surtout en tant qu’athlète et ils se disent pas “c’est l’handicapé”. Le premier message, c’est de montrer aux gens que tout est possible. Quand on a un rêve, si on met tout en œuvre, il y a peu de chances de ne pas réaliser son rêve.” Merci à Trésor pour cet échange. Nous préparons actuellement un reportage sur sa vie, qui sera diffusé sur Première Pluie. Trésor Makunda et Edgard Onezou Pauline Gauer À lire aussi Magazine Portraits Safran six sous / La Safranière du Pierrier à Domgermain 09 Fév 2024 Version longue de l’article présent dans Première Pluie magazine n°8. __ À la mi-octobre, près de Toul, une surprenante exploitation fleurit entre les vignes. Des fleurs violettes et des pistils rouges sortent de terre. Le safran, épice la plus chère du monde, est arrivé ici grâce à la persévérance de Céline Laurent. Elle nous a Portraits Yann Joseph, et sa descente des dix plus belles rivières du monde en kayak : « Dans dix ans, on ne pourra plus descendre ces rivières-là » 03 Juin 2021 Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming “C’est beau. C’est pur. Je suis amoureux de l’eau, mais là c’est la pureté. C’est le courant. C’est ce bruit qui peut être des fois assourdissant, ces couleurs incroyables. Là, tu as l’impression d’épouser la nature.” C’est un projet fou que s’est lancé Yann Joseph, 53 Portraits Design For Everyone, contre les dispositifs excluants : « C’est hyper important de lier l’art et la culture à l’interrogation de nos sociétés, et donc de politiser le geste artistique.” 06 Mai 2021 Couverture : Sylvain Piraux Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming Vous êtes-vous déjà questionnés sur la présence de piques devant les fenêtres des magasins, ou d’accoudoirs au milieu de certains bancs publics ? Pourquoi sont-ils installés ici ? Contre quoi, ou contre qui ? C’est le questionnement sur lequel travaille le collectif À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists