< Tous les articles Éditos Ne jamais s’habituer Par Arthur Guillaumot 7 septembre 2021 Le plus grand danger serait de s’habituer. Il ne faut jamais s’habituer à rien. Ni aux merveilles, ni aux drames. Il faut envisager les choses avec toujours la même émotion naïve, la même stupéfaction heureuse, la même douleur révoltée. Il y a deux jours, le dragon de Komodo a rejoint la liste rouge des espèces en danger, comme plus d’un tiers des espèces de requins et de raies. Des nouvelles comme ça il y en a tous les jours. On ne doit jamais s’habituer. Inutile ici de refaire la liste des catastrophes naturelles qui frappent la planète en permanence, et qui sont désormais le fait en majeure partie du dérèglement climatique. On ne doit jamais s’habituer. Jamais élever le drame au seuil de la banalité acceptable et impossible à changer. Si on s’habitue, on s’accommode. Alors on accepte, alors on a fini de se battre et le grand incendie nous gagnera toutes et tous. Ne jamais s’habituer implique une grande hygiène de l’indignation. Il n’y a pas de temps mort. C’est un exercice perpétuel, mais nécessaire. S’habituer c’est accepter. Êtes-vous prêt.es à vous habituer à des rapports du Giec toujours plus alarmants ? Ces alarmes-là ne sont pas celles d’un réveil, qu’on peut snober, pour gratter quelques minutes supplémentaires. Êtes-vous prêt.es à regarder finir ce monde ? Si on ne s’habitue pas, alors tout est encore possible. On peut encore changer – sauver – le monde. L’avantage quand on ne prend l’habitude de rien, c’est qu’on ne s’habitue pas non plus aux bonnes choses. On revit sans cesse des premières fois, avec une joie pure et innocente. Ne pas s’habituer, c’est siroter la beauté toujours avec la même impression de découvrir un parfum. C’est là que vous pouvez trouver ce qui fait la force de Première Pluie. Ce mois de septembre marque les 4 ans de l’idée de lancer le média. Il marque aussi la parution de notre premier magazine papier. Entre temps, que des émotions pures et spontanées, des premières fois qu’on revit sans cesse. Publier un article, rencontrer un artiste, prendre une photo, écrire un mail, répondre à un appel : des émotions uniques, toujours comme si c’était la première fois. Ne s’habituer à rien, c’est se laisser porter par une excitation totale, avide de regarder derrière les collines et même de combattre contre des moulins à vent. Septembre, c’est le début de la saison des aventures. Ne vous habituez à rien. Ne vous attendez à rien. Profitez juste du plaisir de découvrir les choses, de les envisager, puis de tenter d’influer sur leurs cours quand vous le pourrez. Prenez le temps de vous émerveiller de la forme des nuages, du ramage des arbres. Indignez-vous quand une espèce animale est menacée. Soyez fier.es de la personne que vous êtes, profitez de ce que vous faites. Etonnez-vous d’exister. Bref, bonne rentrée quoi. La rédaction de Première Pluie ____ Relisez-ici les éditos de la rentrée des saisons précédentes : Edito de la rentrée 2020 / Le monde a changé Edito de la rentrée 2019 / Ensemble Edito de la rentrée 2018 / Le monde est à nous Photo de Une et de fin : Diego Zebina À lire aussi Éditos Une nouvelle page 21 Avr 2024 On compare souvent des choses qui n’ont rien à voir, mais l’idée que le lancement de ce nouveau site est comme l’envoi d’une nouvelle fusée vers des mondes inconnus est plaisante. 3, 2, 1… Comme des astronautes, on scrute les vibrations du matériel, les conditions favorables, pour envoyer en orbite un bijou dont la forme Éditos La honte 21 Déc 2023 Ce président de la République, qui cette semaine, plusieurs fois, a déshonoré la France. Celui qui s’est fait élire deux fois en implorant un barrage républicain contre un parti d’extrême droite sur lequel il calque maintenant sa respiration. Celui qui clamait faire de la cause des femmes une priorité et en même temps, vient à Éditos Un vieil homme pathétique 14 Déc 2023 Frédéric Beigbeder vient de faire une garde-à-vue après une plainte pour viol. Il a 41 ans de plus que la plaignante, qui était mineure au moment du début de leur relation. Les errements d’un mauvais écrivain démodé, qui avait depuis longtemps sombré dans les abysses des nostalgiques d’une époque où les victimes n’avaient pas la À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists