< Tous les articles Théâtre Tenir debout de Suzanne de Baecque au CCAM Par Joshua Thomassin 26 janvier 2024 Suzanne de Baecque a infiltré le concours de Miss Poitou-Charentes lorsqu’elle était élève-comédienne. De cette investigation, elle dresse le portrait d’une génération de femmes soumises aux normes de beauté et témoigne des histoires de celles qu’elle a rencontrées. Pourquoi souhaite-on devenir Miss ? Tenir debout est un spectacle à la croisée des chemins entre le théâtre documentaire et le stand-up. Dans la première partie, Suzanne de Baecque s’incarne elle-même, s’inscrivant au concours sur conseil de son beau-père. Sa partenaire, India de Almeida, joue une ancienne Miss reconvertie en coach pour l’institution. C’est la découverte d’un monde directif et parfois brutal, loin des a priori sur la grande famille bienveillante des Miss. Elles ne connaissent leurs concurrentes que par leur numéro de passage. L’entrainement commence dès le premier pas sur scène, il n’y pas de temps pour les présentations, tout doit être assimilé au plus vite. Le duo se répond parfaitement, par les gestes et la voix, et le comique de situation est parfaitement exécuté. Elles entament une chorégraphie des moqueries du carcan Miss France, détournant la démarche stéréotypée du défilé et parodiant la traditionnelle cause à soutenir. Jean Louis Fernandez L’humour de Suzanne de Baecque est contagieux. Elle possède un charisme comique naturel, elle n’a besoin ni de texte ni d’accessoires pour remplir l’espace. Une certaine façon d’imposer son rythme à la salle, digne des bêtes de scène. Et elle excelle dans le rôle de confrontation avec la droiture des Miss. Son personnage suffirait à contenter une salle pendant 1h20 mais elle s’autorise à varier les formes et les rythmes. L’autrice, actrice et metteuse en scène se laisse guider par son instinct pour tisser la toile du spectacle. On passe par des images fortes : un hula hoop karaoké, une interview face cam, un shooting aidé d’un souffleur. Les caricatures des diktat des beauté sont drôles et efficaces. Jean Louis Fernandez Dans la deuxième partie, les comédiennes changent de rôle et interprètent les témoignages des Miss rencontrées par Suzanne de Baecque. Des histoires qui permettent de recentrer le sujet. Il est facile de prendre en dérision les codes imposés aux Miss, de se moquer des femmes qui y participent. Il est plus difficile de comprendre pourquoi. Pourquoi, à côté du combat à mener contre le patriarcat, des jeunes femmes continuent de s’inscrire aux concours. Pourquoi veulent-elles devenir Miss ? Suzanne de Baecque n’est pas sociologue, elle n’a pas la prétention de le soutenir ici. Elle a choisi de raconter. De ne jamais juger. Juste de transmettre les histoires, les parcours, les choix. Jean Louis Fernandez La force documentaire est un vrai appui, et le spectacle aurait gagner à disséminer les témoignages tout du long, et non seulement en deuxième partie, où ils se retrouvent alignés les uns après les autres. On regrette une constance globale, un fil mieux tissé et affirmé entre les divers tableaux. Cela n’enlève rien à la beauté des images créées et à l’importance de raconter ces histoires. Tenir debout est une création qui s’affranchit des catégories et ravive les flammes entre le documentaire et le vivant. Suzanne de Baecque y prouve qu’elle est une artiste de grand talent. __ Avec Suzanne de Baecque, India de AlmeidaMise en scène Suzanne de BaecqueChorégraphe Raphaëlle Rousseau Conception lumière et vidéo Thomas CottereauCostumes Marie La RoccaDurée : 1h20 __ Photo à la une de Jean-Louis Fernandez. Josh À lire aussi critique Théâtre Le temps des fins de Guillaume Cayet — Critique 04 Déc 2024 Le temps des fins est une pièce qui ne traite pas de la fin des temps mais de la fin de l’infini. Jusqu’au 06 décembre au Théâtre de la Manufacture, puis en tournée, l’écrivain dramaturge livre une œuvre écologiquement engagée poignante. L’histoire se déroule en trois actes : Le deuil, Le monde impossible et La critique Théâtre Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy — Critique 26 Nov 2024 On a découvert Le Ring de Katharsy au Théâtre national de Strasbourg. Métaphore sociale, dystopie ou simple fantaisie, Alice Laloy créé un spectacle dantesque, inédit en son genre. Le jeu vidéo rencontre la scène et s’impose au théâtre comme une évidence dramatique. La grille s’élève et le show commence. On découvre Katharsy, figure mystico-lyrique qui critique Théâtre Antigone de Laurence Cordier — Critique 14 Nov 2024 Laurence Cordier adapte Antigone de Sophocle au Théâtre de la Manufacture à Nancy. Face à ce texte antique mais toujours actuel, elle opte pour une mise en scène funèbre et statique. Le propos incandescent ne parvient pas à résonner, faute de rythme et de choix scéniques. Antigone est la fille d’Œdipe et Jocaste. Ses deux À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists