Visitez l’exposition Aérosol au Musée des Beaux-Arts de Nancy

Longtemps incompris, effacé ou incriminé, le graffiti a depuis intégré notre quotidien et s’est imposé dans le paysage culturel environnant. Avec l’exposition Aérosol, le Musée des Beaux-Arts de Nancy revient sur l’histoire d’un art indiscipliné devenu une référence culturelle.

Avant de parcourir cette exposition, le graffiti était pour moi une esthétique urbaine familière, une série de signatures croisées au hasard sur les murs, sans que je ne prenne réellement le temps d’en saisir la portée. Aérosol aide à comprendre que derrière ses couleurs se cache bien plus qu’un simple geste artistique : c’est un langage, une manière de revendiquer l’espace public quand aucun autre lieu ne le permet.

L’exposition retrace l’histoire du graffiti en France, qui commence avec une plongée dans l’aspect technique de cet art. On découvre comment les graffeurs des années 60 ont détourné les premières bombes de peinture, ainsi que des effets de dégradé, précision des contours, superpositions. Chaque geste est codifié et maîtrisé.

Rapidement, on quitte la technique pour une dimension plus engagée du graffiti des années 70. Dès ses débuts, il est un moyen d’expression dans l’espace public, une façon de revendiquer ses opinions quelles qu’elles soient. C’est à cette époque qu’il est récupéré par la scène punk-rock underground, notamment à Paris. Il devient alors le porte-parole des marginaux, tout en continuant à porter les luttes. C’est également à cette époque qu’un style plus graphique et cartoonesque apparaît dans cette univers devenant plus ludique et artistique.

Fin 70, début 80, le graffiti prend une nouvelle dimension avec le tag, ces signatures répétées dans des lieux stratégiques pour maximiser la visibilité de l’auteur. Il devient un jeu urbain : marquer son nom partout; sur les murs, les trains, les toits, pour s’imposer dans le paysage. 

Puis dans les années 80, avec la culture hip-hop et le rap, le graffiti s’associe à ces mouvements et participe à créer une esthétique visuelle forte. C’est également à cette époque que certains graffeurs émergent et sont reconnus en tant qu’artistes, entraînant une nouvelle perception du graffiti. On commence alors à laisser des espaces, souvent éphémères, pour laisser s’exprimer librement ces artistes.

Le graffiti est un art du moment. Il est fait pour être vu, pas pour durer. Il est un témoin direct des préoccupations des personnes qui l’utilisent, une prise de parole spontanée, un geste éphémère qui marque une époque et un lieu. Il est voué à être recouvert, effacé, remplacé.

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L’exposition Aérosol a été réalisée en lien avec RUN (Rencontres Urbaines de Nancy) qui propose de multiples activités au sein de nombreux lieux culturels nancéiens du 02 au 12 avril.

Informations pratiques sur l’exposition à retrouver ici.

Programmation et informations pratiques de RUN à retrouver ici.

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Texte et photos : Cassiopée André