< Tous les articles Chance Science Top 5 des découvertes scientifiques dues à la chance Par Romain Bouvier 17 mai 2025 C’est le thème du magazine n°13. La chance est partout. Ou nulle part. On ne sait plus trop. Avant la sortie du prochain numéro et pour rester dans le thème de cette édition coup de bol, on a voulu comprendre le rôle qu’a pu avoir la chance au cours de l’histoire. Dans les grandes découvertes, les batailles, les contrôles de maths, etc. À croire que parfois, il vaut mieux faire un peu n’importe quoi et compter sur sa bonne étoile. Être en bon terme avec le hasard dans un processus de recherche, ça a un nom : la sérendipité. Les accidents qui, par sagacité, se transforment en opportunités. Un mot qui n’est pas si étranger à la gent scientifique, pourtant assez volontiers portée sur la rigueur et l’analyse fine. Top 5 des fois où la chance figurait sur la feuille de match. 5) La découverte du LSD par Albert Hofmann (1943) À l’origine, notre ami travaillait sur la substance pour traiter les migraines et les saignements après l’accouchement. Après avoir éprouvé des distorsions mentales importantes suite au contact avec émanations du produit, il décida d’en consommer 250 microgrammes sur lui-même, quantité “extrêmement faible” selon lui (les prises des utilisateurs oscillent entre 20 et 30 microgrammes aujourd’hui). C’est par hasard et après un sacré trip que l’un des produits psychoactifs les plus puissants au monde fut découvert. Il a poussé la recherche en neurochimie en montrant qu’on pouvait altérer efficacement la conscience grâce à des mécanismes chimiques très précis. 4) L’invention du micro-ondes par Percy Spencer (1945) Pendant la Seconde Guerre mondiale, Percy travaille pour Raytheon, une entreprise développant des composants pour les systèmes de radars. L’un d’eux, le magnétron, produit des ondes électromagnétiques à haute fréquence : les micro-ondes. La légende veut qu’une barre de chocolat qu’il avait dans sa poche aurait fondu alors qu’il se tenait trop près du dispositif. Intrigué, il place du maïs devant le magnétron : il éclate. Il essaie avec un œuf : il explose. On découvre alors que ces ondes peuvent chauffer rapidement des aliments en excitant les molécules d’eau. Le premier micro-ondes, commercialisé en 1947, fait presque 2 mètres de haut, pèse plus de 300 kg et est vendu environ 5 000 $. Rendu populaire dans les années 60 avec la miniaturisation de l’électronique, il devient une vraie révolution domestique. 3) La découverte du viagra par Pfizer (1998) Nous sommes dans les années 90 et Pfizer travaille sur un traitement contre l’angine de la poitrine. Rien de plus facile, se disent nos chercheurs émérites, “on va utiliser de la sildénafil et ça favorisera l’élargissement des vaisseaux pour améliorer le flux sanguin vers le cœur”. Les essais cliniques sont formels : c’est nul. Aucune amélioration observée au niveau du flux cardiaque. On plie bagage, et, chose inhabituelle, certains volontaires masculins refusent de rendre les pilules non utilisées. On avait déjà remarqué une certaine prédisposition chez nos cobayes à déployer le matelas gonflable après la prise de médicaments, et après toute une batterie de tests, c’est sûr : la sildénafil a choisi son clan. Elle ne combattra pas pour le cœur, mais pour le slip. Le viagra est né. 2) La découvertes des rayons X par Wilhelm Röntgen (1895) C’est aussi un peu par chance que Wilhelm Röntgen découvrait les rayons X. Lors d’expériences sur les propriétés de faisceaux d’électrons en 1895, il découvre qu’un tube à décharges électriques émet un rayonnement invisible capable de traverser des objets opaques. Il s’aperçoit que ce rayonnement peut impressionner une plaque photographique, et en testant le bazar sur la main de son épouse qui passait par là, il comprend le potentiel de ce qu’il appellera les rayons X. De nouvelles opportunités pour l’imagerie médicale verront le jour suite à cette découverte, on peut maintenant voire à l’intérieur d’un corps humain sans l’ouvrir. Les rayons X rendront possible la découverte de la radioactivité, peu de temps plus tard. 1) La découverte de la pénicilline par Alexander Fleming (1928) Oui, il s’est probablement passé beaucoup de choses le 3 septembre 1928, mais probablement rien de plus important que ceci : Alexander Fleming rentrait de vacances. Dans son laboratoire de Londres, le savant écossais retrouve ses trucs de savants, la routine. La routine, jusqu’à ce qu’il jette un coup d’oeil aux boites de Petri dans lesquelles il étudiait les staphylocoques dorés. Des moisissures s’y sont développées, un champignon, et ce dernier a tué les staphylocoques en question. Fleming vient de découvrir la pénicilline, une antibiotique qui agit en empêchant les bactéries de construire leur paroi cellulaire, pourtant essentielle à leur survie. Premier remède capable de combattre efficacement les microbes, elle va sauver des milliers de soldats pendant la Seconde Guerre mondiale. Tuberculose, syphilis, scarlatine, etc., ces maladies qui décimaient des pans entiers de la population peuvent maintenant être traitées. Mais aussi… Le phonographe d’Edison, le Kevlar des gilets par-balle, la dynamite, etc., toutes ces découvertes — parmi des centaines d’autres — ont été faites de manière purement fortuites. À la base, on cherchait autre chose, ou alors on ne cherchait rien du tout. Les mutations de la civilisation humaine, ça se joue aussi sur une partie de dés. Selon le psychologue Kevin Dunbar, 30 à 50% des découvertes scientifiques seraient accidentelles. Mais pour bénéficier d’un accident, un scientifique doit savoir se montrer sagace. Il cite Louis Pasteur dans le cadre de ses travaux : « Le hasard ne favorise que l’esprit préparé« . L’utilisation de neuro-imagerie lors d’expériences réalisées auprès de chercheurs travaillant ensemble dans des laboratoires a montré des choses intéressantes sur la question. Les découvertes inattendues activent le cortex préfrontal de manière particulière ainsi que l’hémisphère gauche en général : elles provoquent plus d’attention. Même en sciences, un coup de pot n’est pas un accident, mais une opportunité à saisir. On vous traite de cocu parce que vous gagnez à la bagarre ou que vous repartez avec l’écran plasma 16/9 à la sortie du loto ? Ne rougissez plus : la chance est partout, et elle se mérite. __ Texte : Romain Bouvier Image à la Une : A Philosopher Lecturing on the Orrery, Joseph Wright, huile sur toile, vers 1766. À lire aussi Chance Science Top 5 des découvertes scientifiques dues à la chance 17 Mai 2025 C’est le thème du magazine n°13. La chance est partout. Ou nulle part. On ne sait plus trop. Avant la sortie du prochain numéro et pour rester dans le thème de cette édition coup de bol, on a voulu comprendre le rôle qu’a pu avoir la chance au cours de l’histoire. Dans les grandes découvertes, À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists