< Tous les articles Magazine Sexe La fétichisation des femmes trans — Bon site bon genre Par Elisa Verbeke 29 juillet 2025 Sur les applis de rencontre, de nombreuses femmes sont hypersexualisées pour leur transidentité. Pour certaines femmes, en découle un stress, une méfiance et un manque de confiance en soi. D’autres se sont réappropriées cette fétichisation en en faisant leur « fonds de commerce ». “On est toutes passées par cette fétichisation de la part des mecs”, se lance Soraya, 26 ans. La Stéphanoise s’inscrit sur des applis de rencontres dès l’âge de 15 ans “en mentant sur [s]on âge”, souffle-t-elle. Sur Tinder, Hinge ou d’autres encore, elle se retrouve rapidement hypersexualisée et fétichisée par les personnes qu’elle match : “Ce que les hommes aimaient par-dessus tout, c’était la photo de culotte ou string et la petite bosse [du pénis].” Les questions ne tournent qu’autour de son appareil génital – “et tu as quoi en bas ?” Ce membre elle ne prend pas de plaisir avec : “Moi je suis bottom… (ndlr : passive)” Pourtant à 15 ans, Soraya est persuadée que ces hommes la trouvent “belle et attirante”. Ce n’est qu’il y a trois ans de ça, quand elle rencontre son petit ami actuel, qu’elle prend conscience du fétichisme vécu — “je ne connaissais pas ce mot à l’époque” — qu’elle “regrette aujourd’hui”, avant d’ajouter : “On pense qu’on a forcément une forte libido parce qu’on est trans alors que ce n’est pas forcément le cas.” “Ce que les hommes aimaient par-dessus tout, c’était la photo de culotte ou string et la petite bosse [du pénis].” Soraya, 26 ans Le terme fétichisme est né à l’époque coloniale pour désigner l’attrait des personnes blanches pour les objets de culte africains. Il est ensuite repris par la psychologie pour qualifier une attirance sexuelle envers des objets non érotiques, longtemps considérée comme pathologique. Il arrive fréquemment que la fétichisation raciale s’imbrique à la fétichisation des personnes transgenres. Soraya est d’origine algérienne et marocaine. “Sur les applis, je suis la petite trans et rebeu, forcément soumise et cochonne”, soupire-t-elle. Il arrive fréquemment que la fétichisation raciale s’imbrique à la fétichisation des personnes transgenres. Réappropriation “La fétichisation est pire sur les applis de rencontres”, renchérit Cléo, une val-de-marnaise de 26 ans. Elle développe, l’air tranquille : “On ne peut pas l’éviter alors je me dis : “autant me faire payer”. Ça tombait bien, j’avais envie de devenir travailleuse du sexe (TDS).” Pour elle, la frontière est mince : “Sur les applis, c’est les mêmes dynamiques que dans le TDS, sauf que les gens ne veulent pas payer.” Alors, il y a un an et demi, Cléo saute le pas. Aujourd’hui, elle voit deux à trois clients par mois. Sa clientèle ? Des hommes âgés, blancs, qui la contactent quasi exclusivement pour sa transidentité : “C’est souvent le même genre de mecs : ils veulent « essayer » avec un homme, mais en même temps, ils ont été hétéros toute leur vie et ne veulent pas trop s’éloigner de ça. Ils cherchent un attribut masculin avec des traits féminins.” La fétichisation est devenue son « fonds de commerce », lance la jeune femme, qui avant le TDS a connu une longue période de marginalisation : “et c’est une façon de reprendre le pouvoir.” « Ils veulent « essayer » avec un homme, mais en même temps, ils ont été hétéros toute leur vie et ne veulent pas trop s’éloigner de ça. » Cléo, 26 ans Selon une étude menée par des chercheurs Italiens et Américains en 2022, la fétichisation reste perçue par une grande majorité de personnes transgenres et non-binaires comme une expérience négative d’objectivation sexuelle. En découlerait des expériences de stress. La militante et autrice Lexye (@aggressively_trans sur instagram) racontait dans un post dédié à un énième cas de fétichisation qu’elle rencontrait sur les applis de rencontre en 2022 : “Aujourd’hui, j’ai peur du désir, peur d’être un objet. Je ne me laisse plus toucher, je suis méfiante, et surtout, à force de répétition, j’ai commencé à croire que je ne pouvais pas être aimée, qu’on n’aurait jamais envie de me présenter à des parents ou à des amis. Et même si je sais que c’est faux dans les faits, émotionnellement c’est la haine qui gagne, et s’en défaire après est un parcours du combattant.” C’est sur les sites pornographiques que le phénomène est flagrant. S’en suit alors d’autres termes du champ lexical trash : shemale, strap-on, ladyboy, etc. La catégorie trans n’est “que” la 20e plus recherchée en 2024 sur PornHub. Pour autant, l’industrie du porno trans est en plein essor avec à son actif des actrices très consultées comme le mettaient en avant les staticiens de PornHub à l’occasion du jour de la visibilité trans. __ Bon site bon genre — article tiré de Première Pluie magazine n°14, à découvir ici. Texte : Elisa Verbeke Illustration à la Une : Gabrielle Kalnins Graphisme (dans le magazine) : Valentine Poulet À lire aussi Magazine Sexe Des soumis et des hommes 08 Août 2025 Pendant quatre ans, Queen Myrtie, 24 ans, a été une dominatrice. Loin des dojos et des fouets, elle a essentiellement pratiqué la domination financière et l’humiliation avec la dizaine de soumis avec qui elle a relationné. Pour Première Pluie, elle a accepté de se confier sur les coulisses de son activité… très particulière. « Bonjour Reine« . Magazine Sexe La fétichisation des femmes trans — Bon site bon genre 29 Juil 2025 Sur les applis de rencontre, de nombreuses femmes sont hypersexualisées pour leur transidentité. Pour certaines femmes, en découle un stress, une méfiance et un manque de confiance en soi. D’autres se sont réappropriées cette fétichisation en en faisant leur « fonds de commerce ». “On est toutes passées par cette fétichisation de la part des mecs”, Interviews Sexe Ovidie : « On peut être féministe et faire des choses qui ne sont pas du tout féministes » / Interview 24 Juil 2025 Ovidie est une réalisatrice, écrivaine et documentariste française. Brièvement actrice, puis réalisatrice de films X, elle a ensuite beaucoup pensé dans ses travaux notre rapport au corps et au sexe. En 2023, elle publie son livre La Chair est triste hélas, qui éclaire sur les raisons de son choix, depuis maintenant cinq ans, de se À la loupeCartes postalesÉvènementsInterviewsLittératurePlaylists