La mort. Voici le sujet tragique auquel le Muséum-Aquarium consacre une exposition temporaire jusqu’en novembre 2024. C’est dans un voyage au-delà du vivant, que nous guident textes, infographies, maquettes et jeux, pour comprendre les diverses causes de mort, appréhender le processus de décomposition et le cycle du carbone, et enfin réfléchir à ce qu’il y a, après la mort.

Poétique de la mort, entre biologie et hasard

Accueilli·es par un corps d’hippopotame éviscéré et interpellé·es par la voix de chercheurs, il suffit de se laisser guider par cette simple phrase inscrite en blanc sur le noir des murs de la salle d’exposition : « de quoi meurt-on ? ».

La série photographique d’Anastasia Pottinger révèle toute la poésie nécessaire à l’appréhension d’un tel sujet, en sublimant le sensible cas de la vieillesse… Cette intervalle esthétique adoucit la tragédie morose de l’obsolescence des cellules, ne laissant aucune échappatoire.. sauf pour certaines méduses capables de régénérer leur cellules et d’inverser leur processus de vieillissement !

Mais tous les animaux ne sont pas aussi chanceux, certains ayant des durées de vie plus ou moins longues, que vous pourrez comparer grâce à un graphique 3D au milieu de la salle d’exposition, et ainsi choisir votre prochain animal de compagnie de façon éclairée.

Lucy’s back, Anastasia Pottinger, circa 2014, photographie (© CLARA CARMENTRAN)

Malheureusement, il n’est pas chose acquise de vivre assez longtemps pour voir apparaître ses dernières rides et faire concurrence à Jeanne Calment, doyenne de l’humanité, morte à 122 ans. Les accidents mortels, résultats d’une entité divine, de karma, de malchance, ou de la volonté innocente de la Parques Morta, sévissent sur nos âmes en errance.

À la lecture d’une infographie sur les chiffres des adversités les plus meurtrières, la rédaction de Première Pluie a décidé de se rendre dans ses bureaux en aéronef plutôt que dans sa Fiat 500 bleu azur ; il semblerait que cela soit plus safe. Quant à nos amis à pattes ou branchies, la chaîne alimentaire se charge de leur sort, dans un rapport proie/prédateur, indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes, que les mises en scène de naturalia et les outils de médiation expriment savamment.

Sous un regard artistique, la série Nature morte de Stephan Vanfleteren traite de cette thématique, en photographiant des animaux retrouvés morts près de chez lui, victime d’un prédateur, ou parfois, des infrastructures et des actions des Hommes.

Chouette (Nature morte), Stephan Vanfleteren, 2013, photographie (© STEPHAN VANFLETEREN)

Entre décomposition et postérité : une fin sur-mesure

En suivant la logique implacable des choses, la mort, et par conséquent la suite de l’exposition, fait place au processus de décomposition qui, de tissus en viscères, nous réduit à l’état de squelette. Mais, pas question de laisser cela au hasard. Un fond vert, une caméra, des accessoires, et voilà la recette pour simuler sa mort et la voir sur les écrans des salles.

Ensuite, il convient de préparer son cadavre dans les règles de l’art : choix de la cérémonie funéraire, des matières et des couleurs de l’urne ou du cercueil, du lieu d’enterrement ou de dispersion des cendres et de son épitaphe, vous pourrez choisir tout cela grâce au module « Pimp ta mort ».

Pour ceux qui ne sont pas adeptes du concept de mort et qui préfèrent rester en vie, il est possible d’arborer sa plus belle blouse blanche et d’endosser le rôle du médecin légiste, en mode Les Experts : Nancy. Grâce à un simulateur, déterminez la date du décès de cadavres, via l’étude des insectes nécrophages, dont le plat favori reste depuis des décennies, l’avocat trentenaire en chemise jaune moutarde et divorcé trois fois. Un choix de gourmets.

Les plus curieu·ses et insolites d’entre nous, pourrons encore devenir des ossuaires-trophées de la création de Laetitia Viratelle, pour peu qu’elle accepte de troquer ses crânes animaliers contre le vôtre. Et sinon, nous continuerons à vivre dans l’intimité du souvenir de quelques proches ou à travers la postérité de ce que l’on aura laissé pour que, dans plusieurs années, notre nom continue d’être pensé, murmuré, chanté, crié… transmis.

Ossuaires 10, Laetitia Viratelle, 2020, matériaux mixtes, 115×70 cm (© CLARA CARMENTRAN)

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Loin d’une ambiance morbide et pesante, c’est une visite ludique que propose le Muséum-Aquarium, où petits et grands (re)découvrent le cycle de la mort en se laissant séduire par les nombreux modules interactifs qui parent les salles. Une exposition à couper le souffle, à découvrir jusqu’au 24 novembre 2024.

Informations pratiques

Dates : Jusqu’au 24 novembre 2024

Tarifs : Gratuit pour les étudiante·s et -26 ans. 3,50€ en tarif réduit. 6,90€ en plein tarif.

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Clara Carmentran