Le temps des fins est une pièce qui ne traite pas de la fin des temps mais de la fin de l’infini. Jusqu’au 06 décembre au Théâtre de la Manufacture, puis en tournée, l’écrivain dramaturge livre une œuvre écologiquement engagée poignante.

©CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

L’histoire se déroule en trois actes : Le deuil, Le monde impossible et La tempête. Le lieu reste le même : le terrain d’une forêt, d’abord occupée par des chasseurs avant d’être transformée en ZAD et, finalement, devenu lac d’alimentation d’une centrale nucléaire, près duquel loge une famille de classe moyenne. Le rapport à la nature est exploré selon tous les points de vue, et avec lui le rapport à l’engagement écologique politique. L’implicite rend le discours poétique, avant de se transformer en explicite au service de l’informatif et de l’alerte, dans un crescendo d’émotions.

©CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

La question de l’urgence climatique est abordée par questionnements plutôt que de façon moralisatrice. Plus généralement, la problématique se rapporte à l’avenir de notre monde, un temps qui touche à sa fin. À l’inverse des générations précédentes bercées par la perspective infinie de progrès, celle d’aujourd’hui se demande si cela a du sens de se préparer à la catastrophe à venir, de vouloir encore se reproduire, de se battre. Les réponses sont autant de nouvelles interrogations : la catastrophe n’est-elle pas déjà arrivée ? Ne nous sommes-nous pas déjà englué·es dans un chemin sans issue ? Contre qui ou quoi faut-il vraiment combattre ?

©CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Enfin, la prouesse réside dans le jeu des (seulement) trois comédien·nes qui parviennent à donner vie aussi bien à des monologues réflexifs que des récits contés ou des histoires jouées. En particulier, la scénographie est le véritable trésor de cette pièce. Sur un fin rideau sont projetés les décors derrière lesquels se trouvent les comédien·nes, plongé·es dans cette mise en scène immersive presque cinématographique. Ces innovations perçantes sont accompagnées de symboles dont le sens se dévoile au fur et à mesure, rappelant paradoxalement la littérature policière.

Le temps des fins, c’est ainsi la chasse, les ZAD et l’apocalypse en une seule pièce, mais en mille questions.

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Au Théâtre de la Manufacture jusqu’au vendredi 06 décembre. Toutes les infos ici

Tournée : 

10 décembre 2024 : Bar-le-Duc (55) – ACB Scène Nationale

24 janvier 2025 : La Ricamarie (42) – Centre culturel de La Ricamarie

29 et 30 janvier 2025 : Montluçon (03) – Théâtre des îlets

11 et 12 février 2025 : Ris-Orangis (91) – Scène Nationale de l’Essonne

04 avril 2025 : Saint-Ouen (93) – Espace 1789

12 au 17 mai 2025 : Paris (75) – Théâtre de la Cité internationale

Compagnie Le désordre des choses 
Avec
Marie-Sohna Condé, Vincent Dissez, Mathilde Weil
Avec la participation de Achille Reggiani
Scénographie Cécile Léna
Lumière Kevin Briard
Création musicale et sonore Antoine Briot
Vidéo Julien Saez, Salomé Laloux-Bard
Costumes Patricia De Petiville, Cécile Léna
Création masques Judith Dubois
Collaboration artistique Julia Vidit
Musique originale Anne Paceo
Avec les voix de Cynthia Abraham, Laura Cahen, Paul Ferroussier, Celia Kameni, Florent Mateo, Anne Paceo et Isabel Sörling
Régie générale Charles Rey
Figurants tournage Sylvie Brunet, Nicolette Chazalet, Mélisse Codorniu, Bruno Darribère, Jacques François, Lilou Guinet Marie-Dit-Moisson, Benjamin Lacave, Diego Lafaye, Barbara Leroy, Mélissa Leroux, Emmanuel Linée, Pauline Perochon, Robin Perochon, Mireille Pizette, Julie Pradera, Youcef Retif, Maeva Zwirn
Régie générale tournage Djamel Djerboua
Conseiller littéraire Jean-Paul Engélibert
Équipe artistique pour la version LSF Anthony Guyon, Lisa Martin, Géraldine Berger de la Compagnie ON OFF
Texte publié aux Éditions Théâtrales (2024)

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Critique : Irène Feuvrier

Photos : Christophe Raynaud de Lage