Fils Cara est un conteur précieux, qui a sur les doigts de la peinture, le sucre des fruits et de l’encre. Mouvements amples, mots qui se drapent dans une musique dense comme le ramage d’un arbre méditerranéen. Olivier millénaire et jeune pousse à la fois, il apprend et comprend en même temps, invente, en équilibre, au stylo, du premier coup, il fige des modernités, des architectures. Fictions est son deuxième ep. Discussion.

Fictions est sorti le 4 septembre. Vous pouvez l’écouter ici.

La première partie de cette discussion est disponible ici.

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Pourquoi il faut aller le plus loin possible quand on travaille sur un projet ? 

J’ai toujours pensé comme ils pensaient dans les années 70. Genre, les grands arrangeurs comme Quincy Jones. On prend le meilleur en guitare et on lui fait jouer un truc. Mais en même temps on l’intègre à part entière au projet. On lui demande ce qu’il pense de la façon dont le chanteur vient de poser. Il faut que tout infuse.

J’ai longtemps été très cérébral

J’ai l’impression d’être le poteau central d’un manège avec des petits chevaux de bois, et de créer une inertie qui est quand-même assez intéressante autour de moi. Parce que je suis enjoué, que c’est ma nature de faire. C’est ce qui est fondamental. J’ai longtemps été très cérébral. Justement Volumes, c’est un peu la figuration de ça. d’être enfermé dans un moule en bronze. Fictions, c’est vraiment l’inverse. Ce regard surplombant d’inertie, ce ciel, ce couronnement par la chaîne. C’est comme ça que je l’appelle. 

Photo : Andrea Montano

C’est marrant, je n’ai jamais dit ça dans une interview. Je suis de naissance ouvrière, de culture ouvrière, j’ai toujours travaillé à l’usine. J’ai été charcutier aussi pour payer mes études. Le fait que je puisse être dans cette sensation de couronnement par la chaîne, c’est juste un jeu de mot à travers la photo. 

J’ai l’impression d’avoir été couronné par la chaîne, l’industrielle. Si je regarde à l’échelle locale, celle de l’entrepôt dans lequel je travaillais, je suis un des seuls à faire ce qu’il avait envie de faire. Il y avait pas mal de mecs qui rappaient. Pas mal de gens qui avaient de conduire des bateaux, d’être footballeurs professionnels, mais qui se cassaient le dos et n’ont jamais pu finir leur centre de formation de foot ou se payer des cours de pilotage. On s’envoie des messages parfois, et ils me disent qu’ils sont fiers de moi. Je suis fier qu’ils aient un segment à travers moi. Et pas qu’à travers, parce qu’avec Internet, tu peux t’identifier à qui tu veux et envoyer des messages à ton artiste préféré, sans l’avoir côtoyé. 

J’ai l’impression d’avoir été couronné par la chaîne, l’industrielle.

Oui, tu vois, moi aussi je viens d’un endroit qu’on appelle nulle part, c’est fort de sentir les gens se reconnaître et supporter ce que tu fais, comme si tu rendais justice à un lieu. Est-ce que ça peut s’accompagner, parfois, d’un sentiment de responsabilité, tu crois ? 

Ce qui est le plus intense je crois, c’est que, parfois, ça peut sembler présomptueux, mais on met en responsabilité les personnes qu’on a côtoyé à ce moment-là. J’ai un ami qui conduit des camions depuis une dizaine d’années. Quand on était au lycée, il passait le permis poids-lourds, en section camionneurs dans mon lycée. Il me dit “Mec, je t’écoute beaucoup sur la route, ça me fait beaucoup gamberger. C’est quand-même super ce que tu fais, et pourtant c’est pas du tout ma tasse de thé.” Pour lui la pop c’est crado, c’est un peu je déteste la pop, mais toi je t’aime bien. Je trouve ça très fort. 

“Mec, je t’écoute beaucoup sur la route, ça me fait beaucoup gamberger. C’est quand-même super ce que tu fais, et pourtant c’est pas du tout ma tasse de thé.”

un ami camionneur de Fils Cara

J’ai toujours rêvé d’être ce poto qui fait de la pop, qui est hors du truc et rattaché en même temps. C’est intéressant et ça m’éloigne de cette schizophrénie, qui pourrait être celle de faire ce pourquoi j’ai été moulé. Tu vois ? C’est pour ça que je me suis éloigné très vite du format qu’était celui du rap, la trap en l’occurrence, quand j’ai sorti Volumes. Parce que moi ma première fabrique esthétique, c’était le rap. 

Je suis tombé dedans trop jeune pour savoir ce que j’avais écouté avant. Les Sages Poètes de la Rue, Booba, La Fouine à l’époque. Le rap de Sky. “À quoi sert d’être célèbre sans le mériter ?” (Booba, Au bout des rêves, ndlr). Pitbull de Booba, c’était incroyable aussi. 

Je ne sais plus de quoi on parlait. 

C’est pas grave, on s’en fout des questions. 

(Rires)

Voilà, ça c’est l’histoire. Même si je me suis un peu perdu. 

Photo : Andrea Montano

Nan, c’est super intéressant, c’est la démarche et la matière, c’est le métal précieux, la noble intention. 

Et c’est ça défonce, parce qu’on est quelques jours après la sortie, dans un moment où je n’ai plus du tout les idées claires. Il y a eu ce mouvement de la sortie, j’étais sur de moi depuis que j’avais fini de travailler dessus. Et après la sortie, tu as un moment où tout est soufflé complètement. Et je peux juste te parler de moi, je ne peux plus te parler du projet. 

Et c’est le meilleur moment pour rendre justice au projet, aussi, quand les gens commencent à se l’approprier. Je suis parfois mal à l’aise de devoir faire, ou en tout cas de publier une interview avant la sortie du projet. 

Bien sur. Ça arrive souvent quand j’écoute des podcasts de rap, le journaliste relie des morceaux qui ne sont pas sortis. C’est une expérience d’écoute préalable. 

Oui et aujourd’hui, on y pense, sans y revenir, on se promet d’écouter puis on oublie. 

De toute manière, c’est de tout temps, il y a toujours eu des résumés de livres, c’est la même chose. Quand on était au lycée et que les potes arrivaient en revendiquant de ne pas avoir lu le livre, mais des résumés, je trouvais ça con, j’étais déjà réac. Je trouvais que c’était se priver de l’expérience. 

À quoi elles ressemblent les chanson qui ne sont pas sur cet ep, celles qui ne respectaient pas la nouvelle hygiène ? 

Hm, c’est intéressant. J’ai pensé à elles hier. Notamment un morceau qui s’appelle Cristal, et qui s’est débattu pour rentrer dans le disque. Il me hantait. Il commençait comme ça : “L’air du temps, je ne le sens pas, je m’entraîne à faire les 100 pas sous la terre.” Et en fait, c’est cette phrase qui me faisait tiquer.

Je n’ai jamais écrit une chanson en plusieurs étapes.

Je me suis dit que pour la première fois, peut-être que je me regardais faire au moment de l’écrire. J’étais dans une période étrange. On partait en résidence. J’avais conduit un van pendant 4h. Parce que personne n’avait le permis. Tout se passait bien. Et au moment d’arriver dans la maison de la résidence. Je tombe dans un fossé. Il avait beaucoup plu, c’était un chemin en terre en Normandie. Un paysan vient m’extirper de ça avec son tracteur et défonce le coffre du van. Donc je suis au bout de ma vie à ce moment-là. Je sais que je vais devoir payer une franchise chère. Et que je vais passer une semaine avec le souvenir hanté de ce van que je dois ramener à Paris dans cet état. 

Et cette semaine-là, je travaille beaucoup de chansons. Cristal, mais aussi Derniers dans le monde, Concorde. Mais justement, Concorde a un peu de cette énergie aussi. Et Cristal été écrite avec la partie de mon cerveau qui ne pensait à l’accident de van, tu vois ? Et c’était infernal. Je ne pourrai jamais savoir si c’est une chanson bien écrite ou si elle me ramène juste à cet accident de van. C’est psychologique.

Photo : Pierre-Emmanuel Testard

C’est l’exemple le plus prégnant de chanson que je ne sélectionne pas, qui n’est pas écrite en pleine conscience. C’est presque bouddhiste comme je te parle des chansons, mais j’ai besoin qu’elles soient écrites en plein conscience. Que ce soit un chemin ininterrompu jusqu’à la fin, comme je te disais (dans la partie 1, ndlr). Du titre à la fin, un chemin ininterrompu. Je n’ai jamais écrit une chanson en plusieurs étapes.

Ça c’est quand un truc qui persiste depuis le début du projet. L’absence d’étapes. Un chemin. Peut-être des fois, des mots sont remodelés, mais sur le moment. C’est comme si je n’avais pas de gomme mais un buvard. C’est l’histoire de Cristal. 

C’est comme si je n’avais pas de gomme mais un buvard.

D’autres chansons ne rentraient pas plastiquement. Je vais les garder pour d’autres. Comme tu sais j’écris aussi pour d’autres. 

J’ai écrit 3 morceaux dans le prochain album de l’Impératrice. J’écris pour Enchantée Julia, je lui ai réalisé un projet, pour Tal aussi. Parfois il y a des chansons, depuis ce projet, que je ne garde pas pour moi, mais que je peux faire chanter à d’autres gens s’ils le veulent.

À quel moment tu te dis qu’une histoire à toi, elle peut aller à quelqu’un d’autre ? Comment on fait pour donner ses mots. 

En fait, je n’ai pas de raison particulière. Comme j’écris avec les gens avec qui je suis. Je n’ai pas un catalogue de chansons. Ce n’est pas moi. Je ne suis pas un parolier. Tu vois, on a écrit l’album de L’Impératrice ici. Sur cette table ou celle-ci. Elle venait, où j’allais chez elle. On écrivait, on se marrait tout l’aprèm. Exactement comme on fait cette interview. 

Si ça se trouve on est en train de faire un album là.

Mais oui, exactement. Si tu rentres chez toi et que tu commences à écrire un texte qui découle de notre échange. C’est pour ça que je dis souvent à L’Impératrice, que pour son album, j’étais pour elle un miroir, qui lui renvoyait ses phrases avec une certaine technique d’écriture. Parce je la pratique depuis une dizaine d’années. 

Quand est venu le temps des splits, pour séparer les droits d’auteurs, je ne voulais pas en avoir. La morale et l’éthique ont voulu que j’en ai, mais c’était pas intéressant pour moi. Quand je fais de la réalisation c’est différent bien sûr. Mais pour L’Impératrice, c’était plus de la discussion. Et comme j’aime bien parler, je n’avais pas l’impression d’écrire un album, mais de kiffer.

Photo : Pierre-Emmanuel Testard

Et même pour, toi j’imagine que c’est plus enrichissant. 

Oui, voilà. Mais tu vois, Sous ma peau, je me suis posé la question de savoir si j’allais la chanter moi-même. Parce que c’est quand-même une chanson extrêmement premier degré. C’est une chanson intelligente, bien écrite, dont la prod est plutôt dansante, ce qui est rare dans la scène que je représente. On nous considère comme des mecs un peu cérébraux, mais cet ep est assez ouvert, je suis content. Je suis aligné, du soleil commence à arriver, ça peut amener sur un premier album assez ensoleillé aussi. 

Mais Sous ma peau, oui, c’était une vraie question ce premier degré. Et il faut beaucoup de technique vocale pour chanter ce refrain, ces routes notes qui montent quand-même un peu. Mais je l’ai fait, je suis content. Je crois que c’est ma préférée finalement. 

Sous ma peau, c’est ma version de la pop. 

C’est souvent les trucs les plus osés qu’on préfère ! 

Complètement. Je l’ai écrite sur la fin de Fictions, j’avais déjà quasiment tout le corpus. Il manquait Film Sans Budget, que j’ai fait en même temps, au FGO Barbara. C’était une urgence folle. J’avais reçu la boucle de Louis Gabriel, un producteur avec lequel je travaille. Je l’ai écrite en 20 secondes. Je l’ai laissé de côté, et en studio on s’est dit que c’était un super morceau. 

Au buzzer. 

Exactement, sur le Gong. 

Tu serais moins content aujourd’hui, sans cette tentative, sans ce refrain justement ? 

Totalement. Sans la tentative de faire de la pop. C’est ma version de la pop, Sous ma peau. 

Ce qui est transgressif, en fait c’est le collectif

Qu’est-ce que tu trouves transgressif ? 

Kanye West. Pour moi la réponse à la transgression, c’est lui. Je m’explique évidemment. 

Kanye West, c’est le probable et l’improbable dans la même seconde. C’est le Big Bang et le fait que l’univers n’ait jamais existé dans la même seconde. 

En fait, ce qui est intéressant avec Kanye West, c’est que c’ets à la fois un être dégueulasse, qui supporte l’insupportable, c’est à dire Donald Trump, politiquement. Il supporte l’insupportable dans l’imaginaire, les Kardashian. Les magnats du pétrole de l’image. Il n’y a rien d’humain. Ou beaucoup d’humain et donc beaucoup de monstrueux. C’est tellement le stade ultime. Il transgresse les limites. Il est to the edge, comme disent les amerloques. 

Et à la fois, il nous donne une oeuvre qui est la plus riche et la plus vivante du 21ème siècle. L’une des plus brillantes. Une oeuvre formidable et fondamentale quand il fait de la musique. Il faut comprendre comme ça se fabrique. Sa manière de ritualiser la conception de ses albums. Louer un château, mettre les gens dedans, tu vois l’histoire ? D’écrire des trucs sur les murs. 

Je parlais beaucoup de Kanye West cette semaine avec Terrenoire. On parlait des rituels justement. Comment on avait construit nos projets, eux avec 4 piliers, moi comme un film avec des crédits et tout. Alors on se marrait bien. Evidemment on se comparera jamais à Kanye West, lui il a la puissance de la folie. On n’est pas assez fous nous. 

C’est la vieille question, est-ce un fou ou un génie ? Au 16ème siècle, il aurait été brûlé vif. 

Photo : Andrea Montano

Puis réhabilité plus tard, élevé plus haut encore qu’aujourd’hui. 

Exactement. Donc voilà, Kanye West, c’est la transgression, seul lui peut créer des vagues aussi puissantes, de telles vibrations contraires. Sur Twitter, il peut être en top tweet pour un propos atroce sur l’esclavage, et le lendemain sortir un album que les gens encensent. C’est ça la transgression, c’est une limite et l’autre qui se rejoignent. C’est un trou de verre. C’est pas bien autre chose que ça pour moi aujourd’hui. Dans le monde de l’art elle est… On se fait vraiment chier quoi. 

On est réacs hein ? 

Mais grave. Mec, moi c’est le chemin le chemin le plus rapide vers la mort d’être réac. Mais moi je vais continuer à l’être temps que je n’arriverai pas moi-même à m’animer d’une scène transgressive. Ce qui pourrait être transgressif, avec tous les stéphanois, c’est qu’on fasse un truc ensemble. 

42 organisé ! 

Par exemple. C’est transgressif ça justement, 13 organisé. Que des mecs comme Soprano, Sat l’artificier, Jul, Sch se retrouvent, c’est transgressif, c’est génial. En fait, ce qui est transgressif, c’est de faire groupe sans faire communautarisme. Ce qui est transgressif, en fait c’est le collectif. 

Je reviens à Kanye West, parce qu’il faut que je joigne les deux bouts, mais lui c’est le génie qui sait s’entourer aussi tu vois. Il a tous les meilleurs autour de lui. Il rebondit, il attrappe des idées. Il ne pourrait pas faire de la musique et de l’imagerie aussi puissante s’il était tout seul. 

Mais comme plein de génies, les comètes c’est rare ! On parle beaucoup de la scène stéphanoise. On parle d’École dans les mouvements picturaux notamment, je pense qu’il y a de ça. 

Oui ! En fait, peut-être ce qui sera transgressif dans la période qui va arriver, dans les 20 prochaines années, c’est l’échelle locale. Je me pose beaucoup de question sur la visualisation que j’ai du monde. Je me dis qu’il pourrait bientôt ressembler à un film de Miyazaki, Nausicaä de la vallée du vent. Où les éoliennes seraient devenues les fleurs. C’est pas une image réac pour le coup, plutôt rigolote de ce que ça pourrait être. Qu’on soit tous revenus à l’échelle locale.

Comme pensent les survivalistes, mais de manière plus poétique. On pourrait quand-même faire des trajets entre les continents, mais à échelle beaucoup plus réduite. Et on pourrait se marrer pour aller aider notre oncle à planter ses tomates à Porto-Rico. Ça serait marrant, on aurait quand même des technologies, des studios de musique, des téléphones pour s’appeler.

Mais tout ça pour dire que c’est des échelles locales qui se relaieront pour en faire une mondiale. Mais pour moi, c’est différentes niches associées qui sont pas du tout le chemin de la mondialisation actuelle. Là, on a une niche commune. On mange tous mcdo et on écoute tous la même musique. C’est génial, ça nous fait des sujets de conversation. Si tu envoies un message au hasard sur Whatsapp.

Or, le prochain modèle, je crois que ça sera des agrégations, des niches qui se joindront. C’est la vision de Philippe Descola. C’est un immense anthropologue et sociologue, qui est très cool, professeur émérite de Harvard, français, à l’origine il était prof à Lyon 2. Il raconte un truc dans ce sens là. 

Et culturellement, ça serait plus riche si chacun arrivait avec sa dimension locale. 

Ah mais tout à fait.

titre extrait du premier projet de Fils Cara, Volumes, paru en janvier.

Qu’est-ce que ça t’évoque la Première Pluie ? 

Je fais un mouvement très premier degré. Je fouille dans mes souvenirs pour retrouver la première pluie sur moi. 

J’étais à l’école publique, en CE1. J’étais sur un tricycle. Je fonçais sur Sarah, mon amoureuse de maternelle. Soudain il se met à pleuvoir, l’orage éclate. Elle me regarde d’une manière très grave, elle est très concentrée. 

Et je lis dans ses yeux que je ne l’intéresse pas du tout. C’est la métaphore ultime du chagrin d’amour. La pluie qui tombe. Moi qui me retrouve tout seul sur mon tricycle. La première pluie, c’est les premiers chagrins d’amour. Parce que peut-être qu’il ne pleuvait pas à ce moment-là. Mais il a plu en moi. 

D’ailleurs, il y a une séquence très intéressante dans un film de Jacques Tati. Il fait pleuvoir l’intérieur de l’appartement, je crois que c’est dans Playtime. La séquence exige la pluie, mais elle exige aussi un intérieur. Et il ne choisit pas entre l’un et l’autre. Alors il pleut dans l’appartement. 

C’était mon dernier mot.

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Discussion : Arthur Guillaumot / Photos de Une : Pierre-Emmanuel Testard

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