La rentrée littéraire est le moment super cool où les maisons d’édition lâchent les meilleurs textes de leurs grandes réserves, de grands premiers romans, des récits aboutis, des histoires fortes. Et aussi quelques pitreries masturbatoires. Comme quand des écrivain·es règlent des histoires de cœur en infligeant à la terre entière l’exposition de leurs culottes sales. 

Vous vous souvenez les années 2000 ? Moi pas trop. J’étais trop jeune. Mais je vois souvent des archives INA. Les gens ont l’air heureux de s’habiller n’importe comment, dans des décors qui ressemblent déjà à une overdose et où il est bon de dire des choses supers problématiques. Le bon temps hein ? Thierry Ardisson est une espèce de pape du cool — imaginez. Les écrivains ne viennent pas pour leurs qualités littéraires, plutôt pour leur aptitude à faire la fête et à renvoyer du cool. La plupart des invité·es sont ivres. On ne parle pas beaucoup de littérature plutôt de sexe et de drogues. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas avoir le malheur d’être une femme sur ce genre plateau. 

Ce vieux monde se bat encore. À grands renforts de fantasmes à grands tirages sur des époques qui n’ont pas vraiment existé. Il existe un couple qui incarne à merveille ce que je suis en train de raconter. Ou plutôt un ex-couple. Eva Ionesco, Simon Libérati. Peut-être qu’un jour leur histoire fera un bon film ou un bon livre, mais il ne faut pas qu’il soit signé par l’un des deux : tout ce qu’ils commentent sur leur histoire est pathétique, glauque ou au mieux affligeant. On dirait qu’à chaque début de saison, l’un des deux est obligé de donner sa version.

L’année dernière c’était Simon Libérati, avec Performance. Un texte sans corps, sans race, sans trouble, qui a quand-même reçu le prix Renaudot (l’état des prix littéraires dans ce pays, omg). Nianiania c’est dur de vieillir quand on est un homme, nianiania je couche avec une fille 50 ans plus jeune que moi pour me sentir exister. Rayon people, figurez-vous que cette auto-fiction est au mieux une autofellation dans laquelle Simon Libérati raconte sa relation avec Clara Bénador, l’amoureuse de Luka, le fils de sa compagne Eva Ionesco. Bref. Ne soyez pas surpris, Libérati est un grand soutien de Gabriel Matzneff (pédophile).

Eva Ionesco, qui a été condamnée par la justice pour des coups de couteau sur son ex-mari, ne fait pas mieux. Si ses premiers écrits, sur son enfance vampirisée par une mère photographe qui l’a mise en scène de façon crasse alors qu’elle était encore une enfant, étaient essentiels, le reste l’est moins. Au cinéma, comme en littérature, pour raconter les soirées, les gloires et les déchéances, le couple et sa fin, tout le monde n’est pas Francis Scott Fitzgerald. Eva Ionesco raconte dans son dernier livre, La bague au doigt, paru le 24 août dernier chez Robert Laffont, les passages à tabac de son ancien mari et ses fascinations pour l’extrême droite. 

Si vous avez envie de lire quelque chose de vraiment intéressant sur le couple et sa toxicité, allez sur le compte instagram de Capucine Johannin lire ce qu’elle écrit de sa relation avec son ex-mari Simon.

Je tape très fort sur les deux parce qu’ils ont été des porte-étendards, un couple goal de ces années-là. Bref, vivement que les maisons d’édition et les médias arrêtent de donner de la force à ce genre de personnalités “littéraires” pathétiques et crades, qui répandent leur obscurité. Il n’y a rien de transgressif, les fièvres qui servent à rédiger ces pages là sont des transpirations acides. Pour info, les années 2000 sont terminées depuis plus de 10 ans. Et tant mieux. 

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Arthur Guillaumot / Photo de une : Aï Barreyre