On était à la première de Silence Vacarme ce mardi au Théâtre de la Manufacture. Un spectacle sonore porté par une comédienne, où chaque détail qui l’entoure peut prendre vie. Elle manie les sons, les transforme. Ils naissent de souvenirs puis deviennent ses partenaires de jeu, son décor. C’est une aventure sensorielle unique, où le récit se confond au bruit.

Silence Vacarme est né de l’envie de Pauline Ringeade, autrice et metteuse en scène, de créer un solo pour Claire Rappin, actrice, musicienne et chanteuse. Dans un décor occupé de quelques enceintes et instruments, la comédienne voyage à travers sa mémoire : des forêts vosgiennes aux cigales, d’une salle d’accouchement à des fraises révolutionnaires. Entendre quelqu’un, c’est déjà en être proche. Alors elle nous laisse entrer dans son intimité, au rythme des souvenirs qu’elle invoque.

Crédit photo Laetitia Piccarreta

« Les sons c’est inventer de la vie« . Claire Rappin n’est pas guidée par les bruits qui l’entourent, elle les fabrique elle-même pour faire vivre son récit. Elle concrétise des bruits simples et en invente des personnages. Les instruments se transforment en animaux. L’ambiance sonore se change en décor. Les souvenirs personnels deviennent communs. Elle convoque le jardin de son enfance, le chant des oiseaux, les mots tranchants des adultes. Sa réalité devient la nôtre.

« Un son c’est un éveillement de l’instant« . Chaque note se rencontre, se suspend, se répète. L’embarcation est harmonieuse, et on se laisse emporter. Pauline Ringeade touche autant à l’intime qu’au commun, et sa mise en scène permet de s’oser à rêver, de divaguer, de passer de la concentration à l’égarement, sans que ça ne complique la compréhension du spectacle. Elle nous invite à nous perdre dans nos pensées, à nous attacher aux sons, à ce qu’ils évoquent en nous. Puis à revenir dans le récit, chacun·e à son rythme.

« Les sons c’est une résistance« . La comédienne fait du son une ressource que l’on peut s’approprier et revendiquer. Comment le choc des vibrations crée des tempêtes immenses ? Le bruit est-il la dernière source de révolte ? Les nouveau-nés ne commencent-ils pas par émettre un son ? Faut-il se faire entendre pour affirmer son identité ? Des travailleurs agricoles aux femmes enceintes, le son est un moyen de survie, une manière de passer d’objet à sujet de notre existence.

« Les sons sont tout ce que les noms ne peuvent définir« . Face à l’organisation normée de la société, chaque son permet d’apporter sa propre définition. Une voix est plus déterminante qu’un prénom, un chant l’est plus qu’une classification. Les sons sont un outil infini pour imaginer, inventer, créer. C’est notre langage universel, celui qui ne peut être totalement censuré.

Crédit photo Laetitia Piccarreta

Le bruit est rarement à l’honneur sur scène. Dans Silence Vacarme, il est le moteur du propos. Pauline Ringeade et la compagnie L’iMaGiNaRiuM ont rendu hommage aux sons, à ces éléments imperceptibles qui sont au cœur de toute vie. Le spectacle met nos sens à l’affût : il nous laisse partir puis nous rattache. Et surtout, il arrive à changer notre point de perception. Ce qui retient notre attention, c’est n’est plus la comédienne mais ce qui l’entoure, ce qui est invisible et qui bruite. Le caché devient acteur, et notre ouïe apprend à voir.

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La pièce est à retrouver au Théâtre de la Manufacture :

  • Mercredi 17 avril à 19h. Retour au bar après le spectacle.
  • Jeudi 18 avril à 20h.
  • Vendredi 19 avril à 20h.

Prenez vos places ici.

Toutes les infos sur le spectacle ici.

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Jeu et composition Claire Rappin
Mise en scène Pauline Ringeade
Écriture Antoine Cegarra, Claire Rappin, Pauline Ringeade
Assistanat mise en scène Louise de Bastier
Création et régie lumière Fanny Perreau
Création et régie musique et son Pierre-Mathieu Hebert
Scénographie Cerise Guyon
Costumes Aude Bretagne
Régie générale et plateau Yann Argenté
Avec les voix de : Thérèse Rappin, Teresa Alvarez Maria, Claire Schirck, Suzanne Aubert, Adèle Ringeade, Véronique Ringeade, docteure Bassi, le cœur de Loïs Geoffroy, Sacha et Zoé Rappin, Éléonore Auzou-Connes.
Diffusion, développement compagnie Florence Bourgeon
Administration – Production / Laure Woelfi et Victor Hocquet, La Poulie Production
Relations presse Olivier Saksik, Elektronlibre

Durée : 1h20
Dès 14 ans
Tarifs : de 5 à 22 €. Plus d’infos ici.

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Josh

Photos de Laetitia Piccareta