Avec À mon seul désir, présenté lundi 14 et mardi 15 avril au CCAM à Vandoeuvre, Gaëlle Bourges a fait de La dame à la Licorne, une tenture du début de la Renaissance en six tapisseries, sa pierre de rosette. Un décryptage délicat pour mieux voir tout ce qui de prime abord nous est caché. 

Mais parle-t-elle toujours de ce qui est représenté sur la tenture, Gaëlle Bourges, quand elle laisse entendre que c’est l’espace vide entre les choses qui préserve leur pureté ? Le spectacle dure 45 minutes. Les trois quarts sont façonnés comme une déambulation dans la tenture, où quatre jeunes femmes nues croisent les sens cachés de La dame à la licorne. La narration, façon voix-off, nous renseigne sur ses origines, et la fascination qu’elle a exercée sur le Prosper Mérimée ou George Sand. Comment ne pas les comprendre ? 

Sur scène, le rouge pourpre de la tenture sert de décor, où les jeunes femmes nues accrochent des fleurs. À l’époque de la tenture — entre 1484 et 1538, on représente ce que l’on croit. Plutôt que ce que l’on voit. Ainsi, les licornes sont effectivement très mignonnes sur des agendas à paillettes en 2024. Il y a 500 ans, on pensait encore qu’elles avaient le pouvoir de valider ou non la situation virginale des jeunes femmes. C’est cette préoccupation sociétale centrale de l’époque que Gaëlle Bourges questionne. 

La scène finale ébranle la tenue sobre et superbe du spectacle : la tenture prend vie, pour dire ce qu’elle a de plus lubrique. Les lapins, animaux obsédés, qui sont 35, cachés dans La dame à la licorne, arrivent tous sur scène, incarnés par des danseurs amateurs, pour témoigner de ce qui nous a été révélé sous un grand jour façon lumières électriques. À mon seul désir est une pièce intense.

Toutes les informations

__

Arthur Guillaumot

Photo de couverture : Danielle Voirin