< Tous les articles jeux d'argent Magazine Casinos & jeux d’argent — No pain no gain Par Clara Hesse 17 mai 2025 Si la chance sourit aux audacieux, combien doivent-ils perdre avant de lui arracher un rictus ? Des casinos aux rades de quartier remplis d’habitués passionnés de paris hippiques ou de jeux à gratter, nous avons laissé traîner nos carnets, pour découvrir à qui appartient la chance, si on peut la provoquer et dans le fond tenter de comprendre pourquoi ces téméraires continuent à jouer. Amigo, Keno, Loto, Illiko, Parions Sports, Cash, chez Couleur Café il y en a pour tous les goûts. Situé à l’une des entrées du centre commercial Saint-Jacques, à Metz, l’établissement est depuis des années le repaire des habitués de l’hyper centre-ville accrocs aux jeux à gratter. “Ici, on a un gros rush en début de mois quand ils ont touché leur RSA », confie Belo, derrière le bar. D’ailleurs pour lui, les jeux de hasard sont « l’impôt du pauvre« , car “ce sont toujours les moins riches qui jouent ». En ce 05 février, ça se bouscule devant le Terminal Neptune — nom de la machine de la Française des Jeux (FDJ) permettant d’enregistrer toutes les transactions liées aux joueurs. Aux chanceux, elle diffuse sa petite musique qui donne le sourire, car même si certains disent “jouer pour le plaisir de gratter, pas tant celui de gagner », ça les défrise quand ils n’entendent pas ses notes au moins une fois dans la journée. Toutes les raisons sont bonnes Des jeux à gratter, ce rade de quartier en vend environ 1500 par jour. “Ceux qui partent le plus, c’est les Cash », précise Belo. L’information se vérifie à peu près dans tous les points de vente FDJ. Sur les murs on découvre que 25 000 euros ont été gagnés le 26 octobre 2023 — la plus grosse somme remportée ici jusqu’à présent. L’histoire ne dit pas combien cet heureux gagnant a misé pour toucher ce 40ème de million. La donnée est difficile à dénicher, mais tous les joueurs honnêtes vous le diront : leur passion leur coûte plus qu’elle ne leur rapporte. Les joueurs, qu’ils soient amateurs de casino, jeux à gratter ou en ligne, paris hippiques ou sportifs, ont une chance sur des millions de gagner le jackpot. Pas de quoi les décourager. C’est le « jeu ». Preuve en est : rien qu’à la FDJ ce sont environ 15 milliards d’euros de mises qui sont enregistrées chaque année, quand le groupe Partouche qui possède une quarantaine de casinos fait 20 millions d’entrées chaque année. ©ROMAIN VADALA Certains, comme Gérard, 64 ans, postier à la retraite accoudé du lundi au vendredi au bar le Saint-Pierre dans le quartier du Sablon (Metz), assurent que c’est “pour rencontrer des gens » qu’ils jouent. D’autres, comme cette veuve cliente du PMU Le Cagibi, qui se dit « joueuse raisonnable » s’est mise au tiercé depuis qu’elle a perdu son mari. “Quand je ne suis pas bien, je joue. Ça fait dix mois que je n’ai pas gagné mais je joue toutes les semaines », confie-t-elle. Ils peuvent se trouver toutes les raisons du monde, en poussant la porte d’un casino ou en frottant frénétiquement leurs euros sur un Astro ou un Banco, le graal qu’ils cherchent tous à atteindre c’est la gagne. Camille, ex-croupier dans un casino du groupe Barrière en Alsace, le confirme : “Si certains viennent au casino pour vivre une expérience, la majorité de nos clients sont des habitués qui viennent presque tous les jours dans l’espoir d’avoir de la chance ou de se refaire. » Des histoires de perdants malheureux qui “restent pour regarder les autres jouer par addiction alors qu’eux ont tout flambé » ou de types devenus addicts aux statistiques à force de loucher sur les machines à sous, le croupier en a à la pelle. Pourtant, alors que tout le monde sait que c’est toujours le casino qui gagne, les histoires de fortunes dues au hasard font toujours rêver. L’espoir fait vivre Avec son slogan « tous les gagnants ont tenté leur chance », la Française des Jeux entretient le mythe selon lequel “ça n’arrive pas qu’aux autres. » Et niveau marketing, elle donne tout. “Un nouveau jeu sort tous les mois, ça alimente », précise Belo. Sans parler des tirages « exceptionnels », comme celui du « Vendredi 13 ». “Ils croient qu’ils ont plus de chance ce jour-là », sourit Mariette, la serveuse de Couleur Café. “C’est un monde où les gens sont très superstitieux », confie Camille, le croupier. Peut-on provoquer sa chance ? Chacun ses trucs et astuces. “J’attends que les autres jouent plus que moi, qu’ils grattent les mêmes jeux, et si au bout d’un moment aucun d’entre eux ne gagne, ça veut dire que je peux tenter ma chance », explique Gérard. D’autres emportent une patte de lapin pour un tirage au poil. Certains sont persuadés que tel croupier ou buraliste leur porte la guigne et l’évitent comme la peste. Il y aura toujours des audacieux, car l’espoir fait vivre et les jeux de hasard et d’argent ont de beaux jours devant eux. Même si, “le seul moyen de gagner au casino, c’est d’en posséder un », reconnaît l’ex-croupier, citant Isidore Partouche, fondateur du premier groupe de casinos à être entré en Bourse. Mais il y a des rêveurs. Et ils ont raison de rêver, aussi. ©ROMAIN VADALA __ La qualité des chances — article tiré de Première Pluie magazine n°13, à découvir ici. Texte : Clara Hesse Photos : Romain Vadala Graphisme (dans le magazine) : Mathilde Petit À lire aussi jeux d'argent Magazine Casinos & jeux d’argent — No pain no gain 17 Mai 2025 Si la chance sourit aux audacieux, combien doivent-ils perdre avant de lui arracher un rictus ? Des casinos aux rades de quartier remplis d’habitués passionnés de paris hippiques ou de jeux à gratter, nous avons laissé traîner nos carnets, pour découvrir à qui appartient la chance, si on peut la provoquer et dans le fond enquête Magazine La discrimination positive, mode d’emploi 03 Mai 2025 Comment réagir quand une différence nous élève au lieu de nous faire obstacle ? Mythe de la méritocratie, conflit de légitimité, syndrome de l’imposteur, etc. Décryptage de la notion de discrimination positive, par la voix de celles et ceux qui en bénéficient. Le jour de son investiture, le 21 janvier 2025, Donald Trump a fait business Magazine Mérite Machine — Les cryptos et la méritocratie 16 Avr 2025 Owen et Kenny, deux jeunes investisseurs lorrains, ont choisi les cryptomonnaies pour sécuriser leur avenir. L’un, issu d’une grande école de commerce, l’autre autodidacte, témoignent deux réalités différentes. Entre chance, mérite et héritage, qui distribue vraiment les cartes ? Tout plaquer pour aller miner du Bitcoin dans une friche mosellane. À 27 ans, le Messin À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists