< Tous les articles Magazine reportage Chez Paulette, le pub-rock qui a fait danser toute une région Par Carol Burel 31 octobre 2024 Paulette a fêté ses 100 ans en septembre 2023. Après six mois de pause, son pub-rock légendaire qui semblait destiné à la fermeture, va rouvrir ses portes sous une nouvelle formule. L’occasion de revenir sur l’histoire d’un lieu mythique qui a fait danser Pagney-derrière-Barine et toute une région. © ROMAIN VADALA C’est l’histoire de “comment une salle des fêtes de village est devenu un projet complètement fou” introduit Julien Bortolotti, petit-fils de Paulette et actuel co-gérant du pub. Au comptoir, dans l’ambiance tamisée de la salle où les canapés en cuir trônent sur le parquet ciré et où les poutres apparentes croisent la boule disco, il n’est pas difficile de se laisser transporter dans les années 70/80. Dans une narration un peu décousue tellement il y a de choses à dire, Julien nous raconte l’histoire illustre de Chez Paulette, capsule temporelle intacte où se sont côtoyées les plus grandes stars du rock. Sepultura, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Calvin Russell, Dick Rivers, etc. © ROMAIN VADALA Paulette Mélat est née en 1923 à l’étage du café des commerces de ses parents, au 343 Rue Régina Kricq, à Pagney-derrière-Barine, petite commune de 637 habitants actuellement, qui ne paie pas de mine en bordure de Toul. Très jeune, Paulette arrête les études pour travailler dans l’entreprise familiale, qu’elle finira par reprendre à la mort de son père en 1969. Alors qu’elle a 39 ans et 3 enfants, sa vie change quand elle rencontre le grand amour avec Yves Marchal, 21 ans, un gars du village fan de jazz, de blues, d’opéra. Inspiré par les fêtes auxquelles il a assisté dans les bases militaires US situées dans le secteur, il souhaite faire du café des commerces un dancing et une salle de concert, façon rock à l’américaine. Paulette, 101 ans, le 06 septembre 2024. Photo prise dans le cadre de l’exposition Les autres dans leur poussière, présente sur les murs de L’Autre Canal. (© DIEGO ZÉBINA) Julien raconte comment, au culot, Yves appelle des groupes de renom en Angleterre pour les faire venir jouer à Pagney-derrière-Barine. “Ça se faisait en un coup de fil, on programmait la soirée et parfois on ne savait même pas si le groupe allait venir avant la dernière minute.” Si ça c’est pas rock and roll. Le bouche à oreille opère et Chez Paulette s’installe dans le paysage local et le milieu underground. Julien se souvient : “Quand j’étais petit je regardais à travers la petite lucarne à l’arrière ce qui se passait dans la salle. Je me souviens de l’énergie : les cris, l’alcool, la musique…C’est un lieu qui m’attirait beaucoup.” © ROMAIN VADALA « Ça faisait remuer le village” “À l’époque, il n’y avait pas autant de restrictions” se remémore Robert, habitant du village et voisin direct de Chez Paulette. Dans leur jeunesse, lui et sa femme Marie-Claire ont travaillé dans le pub “Mon mari était au bar et moi j’étais au vestiaire.” confie cette dernière. “On a fait des bonnes bringues.” D’une capacité de 405 personnes, le bar accueillait parfois, à ses heures de gloire, 600 ou 700 personnes. “Il y avait des gens debout dans la rue qui regardaient le concert par la fenêtre”, explique Julien. De l’animation pour la petite commune des côteaux de Toul qui n’a rien vu venir. “Ça faisait remuer le village” lâche Robert sur un ton amusé. Beaucoup de “zikos ou de noobs” se déplaçaient de très loin pour venir assister aux concerts. © ROMAIN VADALA Marie-Claire se souvient : “Les jeunes venaient en groupe et dormaient n’importe où, parfois derrière notre maison. Ils nous empruntaient des trucs, de l’eau, une prise…” Si dorénavant la salle a été complètement insonorisée pour leur assurer une calme retraite, ils se souviennent avec tendresse des anecdotes de leur jeunesse. Calvin Russell, Dick Rivers… Robert appelait même familièrement Jean-Louis Aubert “le moche”. Une cohabitation, aussi incongrue semble-t-elle, s’est formée avec les habitants. “Avec leurs vestes en cuir, piercings, et crêtes, les punk étaient vus au départ comme des aliens par les villageois, pour la plupart agriculteurs” précise Julien “Mais certains ont parfois accueillis des membres des groupes dans leur maison.” “Le lieu était sur le point de fermer, tous les papiers étaient remplis” Au fur et à mesure des années et du durcissement des réglementations, les difficultés financières de ce bar rock indépendant se creusent et le temps a raison du charme indescriptible qui a fait le succès du lieu et la fréquentation baisse. Le bar ferme ses portes pendant six mois après une dernière fête en septembre 2023 pour les 100 ans de Paulette. © ROMAIN VADALA “Le lieu était sur le point de fermer, tous les papiers étaient remplis”, mais grâce à des bénévoles passionnés, David et Nicolas Mossler, qui ont montré leur motivation à continuer, le bar compte rouvrir ses portes très prochainement sous une nouvelle formule. Avec moins de dates mais assez pour continuer à faire vivre l’aventure Paulette. Un concert des Sales Majestés est déjà prévu le 06 septembre, l’occasion de (re)faire un détour par Pagney-derrière-Barine. Pour en savoir plus sur l’histoire de Paulette, le livre 343 Rue Régina Kricq a été écrit par Syned Tonetta en collaboration avec Julien Bortolotti. © ROMAIN VADALA __ Article tiré de Première Pluie magazine n°11, à découvrir ici. Texte : Carol Burel Photos : Romain Vadala Graphisme (dans le magazine) : Valentine Poulet À lire aussi Magazine reportage Chez Paulette, le pub-rock qui a fait danser toute une région 31 Oct 2024 Paulette a fêté ses 100 ans en septembre 2023. Après six mois de pause, son pub-rock légendaire qui semblait destiné à la fermeture, va rouvrir ses portes sous une nouvelle formule. L’occasion de revenir sur l’histoire d’un lieu mythique qui a fait danser Pagney-derrière-Barine et toute une région. C’est l’histoire de “comment une salle des Magazine reportage Patti Smith, Arthur Rimbaud et les Ardennes 16 Oct 2024 L’info ressemble à une blague : Patti Smith a acheté une maison dans les Ardennes. Fin 2016, l’artiste américaine s’est offert la maison d’Arthur Rimbaud, à Roche, à 40 minutes de Charleville-Mézières. On a enquêté. La Meuse fait un détour pour lécher les berges de Charleville. Sur les quais, le musée Arthur Rimbaud annonce la À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists