< Tous les articles Théâtre Les Géants de la montagne – MRIA par Lucie Berelowitsch au NEST Par Josh 27 janvier 2024 Lucie Berelowitsch adapte la dernière pièce écrite par Luigi Pirandello : Les Géants de la montagne. Une fable onirique où l’art est relégué au ban des empires. Elle invite les Dakh Daughters, un collectif de musiciennes et comédiennes ukrainiennes, dans un combat sonore pour réactiver l’âme du théâtre et la puissance de l’imaginaire. Une troupe de théâtre décimée et ruinée erre pour trouver refuge et transmettre son œuvre. Elle débarque sur une île perdue, où un groupe de marginaux cultive les rêves dans une grande maison. La troupe y découvre un monde où l’imaginaire préexiste sur la réalité. Leur pièce de théâtre est remise en question et les comédiens se confrontent à leur nécessité de jouer. Les Géants de la montagne vivent à côté et ils attendent un spectacle exceptionnel. Le théâtre et la survie humaine sont en jeu. Simon Gosselin Les Dakh Daughters incarnent cette communauté recluse au fond de la forêt, protégeant la poésie. Dans un décor imposant, presque fantastique, leur puissance musicale communicative fonde l’imaginaire. À la fois punks et gitanes, à la fois sorcières et fées, elles insufflent à la scène une énergie envoutante. La troupe de théâtre, jouée par des comédiens français, débarque dans un portail entre les mondes. Comme au Jugement dernier, elle est ici, sans le savoir, pour sauver son existence, ou plutôt sa nécessité d’exister. Simon Gosselin Ils ne sont pas accueillis les bras ouverts. Les alarmes résonnent, les chiens s’éveillent, les armes se chargent. Les marginaux, dernière sauvegarde de l’art, défendront leur maison. Le scène se transforme en ZAD. Le théâtre devient une raison de vivre. Pourquoi continuent-ils à jouer alors qu’ils ne sont plus que 4 sur les 42 d’origine, sans décors, sans moyens ? Pourquoi tiennent-ils à monter sur scène ? Qu’invoquent-ils pour rendre leurs personnages vivants ? Pour répondre à ces questions, la troupe devra suivre les enseignements de cet endroit. Simon Gosselin L’une des hôtes expliquera : « Vous créez des corps à vos fantômes, nous, de nos corps, nous créons des fantômes« . Des fantômes métaphores des personnages de théâtre, mais aussi de nos personnalités enfouies. C’est la rencontre entre l’essence de l’art et ceux qui le pratiquent. Ils ne parlent pas la même langue (le spectacle est en français et en ukrainien, surtitré) mais se comprennent. Ce qui ce passe ici est universel. Dans cette maison qui semble habitée d’esprits, les rêves sont primordiaux, ils libèrent, ils permettent de se découvrir, de s’émanciper : « ce qu’on est, c’est ce qu’on rêve« . Simon Gosselin « Nous croyons plus à la réalité des fantômes qu’à la réalité des corps » Luigi Pirandello écrit Les Géants de la montagne juste avant de mourir, en 1936. La pièce reste inachevée. Elle évoque la difficulté de sauvegarder l’art lorsque le fascisme est au pouvoir et que sa censure règne. Pirandello a soutenu Mussolini avant de regretter son choix. Il dit ici la nécessité de ne jamais abandonner l’imagination, comme seul phare pour la survie des peuples. Simon Gosselin Lucie Berelowitsch et les Dakh Daughters suivent cette quête et livrent un spectacle enchanté, où la musique résonne aussi fort que les cœurs qui battent. Un voyage dans un pays inconnu, où le dernier souffle d’humanité se trouve sur scène, entre la réalité et les rêves. C’est grandiose. __ Avec Dakh Daughters – Natacha Charpe-Zozul, Natalia Halanevych, Ruslana Khazipova, Solomiia Melnyk, Anna Nikitina et Jonathan Genet, Marina Keltchewsky, Thibault Lacroix, Baptiste Mayoraz, Roman YasinovskyiMise en scène et adaptation Lucie BerelowitschDaprès l’œuvre de Luigi Pirandello Traduction ukrainien / français Irina Dmytrychyn, Macha Isakova, Anna OlekhnovychMusique Les Dakh Daughters, Vlad TroitskyiCollaboration musicale Baptiste MayorazDramaturgie et assistanat à la mise en scène Hugo SoubiseRégie générale Jean-Philippe Barrière Scénographie et accessoires Hervé Cherblanc assisté de Clara Hubert, Ninon Le ChevalierRégie plateau Jérémie FeretRégie lumière Lucie Dechef, Paul RobinCollaboration à la création lumière Anne VaglioSonorisation Mikaël KandelmanRégie son Vassili Bertrand, Simon PeneauCostumes Caroline Tavernier assisté de Sarah BarzicConception des masques et des pantins Natacha Charpe-Zozul et les Ateliers du Théâtre de l’UnionRéalisation de la toile peinte « Vague » réalisée au TNS par les décorateurs.trices Clara Hubert, Ninon Le Chevalier, Constant Chiassai-Polin, Dimitri Lenin sous la direction de Denis Cavalli (formateur)Décor Les Ateliers du Préau & du TNBADurée : 1h45 __ Photo à la une de Simon Gosselin. Josh À lire aussi Théâtre La Terre d’Anne Barbot au NEST à Thionville 24 Avr 2024 La Terre est une pièce d’Anne Barbot, qui sublime le texte éponyme d’Émile Zola. Dès les premiers pas dans la salle, le public est intégré à cette famille paysanne des années 1860, tant unie que tourmentée, dans une histoire qui résonne fortement avec l’actualité. La pièce a été programmée par le NEST lors du festival Théâtre Silence Vacarme de Pauline Ringeade à la Manufacture 17 Avr 2024 On était à la première de Silence Vacarme ce mardi au Théâtre de la Manufacture. Un spectacle sonore porté par une comédienne, où chaque détail qui l’entoure peut prendre vie. Elle manie les sons, les transforme. Ils naissent de souvenirs puis deviennent ses partenaires de jeu, son décor. C’est une aventure sensorielle unique, où le Théâtre À mon seul désir de Gaëlle Bourges au CCAM à Vandœuvre 17 Avr 2024 Avec À mon seul désir, présenté lundi 14 et mardi 15 avril au CCAM à Vandoeuvre, Gaëlle Bourges a fait de La dame à la Licorne, une tenture du début de la Renaissance en six tapisseries, sa pierre de rosette. Un décryptage délicat pour mieux voir tout ce qui de prime abord nous est caché. À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists