Chers amis,

Je n’ai pas l’habitude de vous écrire ainsi, mais l’occasion était trop belle pour ne pas l’expérimenter. Aujourd’hui alors, je vous livre une carte postale de mon voyage Thaïlandais.

J’écris ces mots du train du retour. 12h de trajet, j’aurais le temps de finir.

Sur le quai avant de partir, les lumières dansaient entre les locomotives. Il y avait un air spécial, effusions des départs et des retrouvailles. Les enfants couraient et défoulaient leur corps avant de passer la nuit assis sur des sièges trop étroits. Ils slalomaient entre les vendeurs ambulants en tout genre, c’était à qui criait le plus fort. On allait pas mourir de faim pendant la traversée, s’en était sur. On regardait les passagers, un peu nostalgiques parce que le moment de rentrer était inéluctablement arrivé. J’ai pris quelques photos, encore, et je me suis rappeler de la première image que j’avais faite, il y a un mois.

carte postale mélina 3

carte postale mélina 2cartes postales mélina 4

mélina cp 2

 

On venait d’arriver. La moiteur de l’air tachait nos habits, la fatigue du décalage ralentissait nos pas, et nos yeux regardaient de partout pour ne rien oublier. J’arrivais à rien photographier, un blocage que je ne surmontais pas. Je ne me sentais pas de droit de prendre cette nouveauté qui s’étalait devant moi. Toutes mes tentatives étaient mal cadrées, surexposées ou floues, comme nous. Il y a donc cette photo que j’ai prise de loin pour ne pas déranger, épices multiples, colorées, noir et blanc pour figer le mouvement. Après celle ci j’ai passé la première semaine sans mon appareil, à contempler la vie étrangère de mes propre yeux.

 

La pluie battait le sol chaud sans s’arrêter. C’était un jour de transition, encore un train, trop de bus dans la même nuit, une ville où les rues étaient vides. Puis il y a eu ce moment où le vent a soufflé les nuages, pour découvrir le soleil du soir. C’était comme un spectacle. Le ciel embrasait d’orange les flaques d’eau et le brouillard devenait multicolore. Les rues vidées étaient belles, les ombres aussi. J’ai pas pu résister à faire des images de ce moment. Un déclic, puis les autres photo s’enchaînèrent sans plus d’obstacles.

mélina cartes postales 5

mélina cartes postales

cartes postales 7

cartes postales mélina 8

On a repris un bus, 4h à traverser des forêts infinies, et on a rencontrés notre nouvelle famille pour deux semaines. Une ferme en bord de route, en face d’une école qui semblait abandonnée. On a vite pris nos marques : la récolte le matin, puis le bus, et la mer quand la pluie nous laissait un après midi de répit. Le marché tôt le matin venait briser cette routine une fois par semaine. Le soleil n’était encore pas levé que les villageois s’affairaient déjà dans les dédales de senteurs. C’était des sourires, des regards, des couleurs.

cartes postales 69    cartes postales mélina 74

cartes postales 54

Il nous restait plus beaucoup de temps, on est allée se perdre au milieu de la mer. L’air salé, l’eau salée, le soleil amer, c’est tout ce qu’on avait, et c’est tout ce qu’on voulait. Le portrait me manquait. On a improvisé un shoot dans les rochers. Mon appareil à pris la mer. C’était surement sa destinée. Une belle fin.

IMG_5584

IMG_5336

Le train file à travers les paysages, assourdissants. Je m’arrête ici. Peut être que lorsque vous recevrez cette carte, je serais déjà rentrée pour reprendre une vie sans trop de couleurs, surement.
J’espère que tout vas bien pour vous. Je vous embrasses.

M.

IMG_4134


Mélina Rard – Cartes postales 

Photos : Mélina Rard